Le Vicomte et le Commissaire
Par Le concierge du Musée le vendredi 31 décembre 2010, 23:28 - Observatoire de l'UE - Lien permanent
Le Vicomte Étienne Davignon a été distingué pour ses fonctions de conseiller sur les questions de développement de l’Afrique auprès du Commissaire au Développement de l’UE Louis Michel, alors qu’il siègeait au conseil d’administration de Suez – une multinationale qui cherche à développer ses activités commerciales dans les domaines de l’eau et de l’énergie en Afrique.
Au printemps 2007, la Commission Européenne a publié pour la première fois une liste avec les noms et les mandats des conseillers spéciaux auprès des Commissaires de l’UE, 55 au total. La liste révélait que le vice-président et actionnaire de Suez Étienne Davignon conseillait le Commissaire au développement Michel sur « sa politique pour l’Afrique et notamment sur le rôle du secteur privé dans le développement économique de l’Afrique sub-saharienne ». M. Davignon et le Commissaire Michel prétendent tous deux qu’il n’y a pas de conflit d’intérêts entre le rôle de conseiller spécial et le fait de siéger au conseil de Suez, la plus grosse multinationale de l’eau au monde. Davignon détient 11.111 actions, soit plus de 472.000 euros au cours actuel (octobre 2007), de Suez, une entreprise dont les activités comprennent également l’électricité, le gaz naturel et le traitement des déchets. Suez a de clairs intérêts commerciaux en Afrique et entend renforcer ces derniers.
Interrogée à propos de ce conflit d’intérêt, la Commission Européenne changea de ton et déclara que le travail de Davignon ne concernait « qu’exclusivement les affaires européennes » et qu’il « ne délivrait pas de conseils concernant les travaux d’infrastructure en Afrique ». Le jour suivant, une autre déclaration empressée fut faite par le Commissaire Michel pour tenter de clarifier ces réponses contradictoires. Elle précisait que Davignon avait pour tâche « d’inclure le secteur privé dans les politiques de développement ». Davignon lui-même réagit avec fureur lorsqu’un journal belge fit état de critiques concernant son double rôle de lobbyiste et actionnaire de Suez d’une part, et de conseiller spécial auprès de la Commission Européenne de l’autre. « Le rôle d’un conseiller ne peut être que de nature générale » écrivit Davignon dans une réponse écrite. Il n’y « a donc pas lieu de parler d’un recoupement avec les responsabilités professionnelles que j’observe par ailleurs. »
Au cours de l’été 2007, après des mois d’incertitude, il devint clair que le Commissaire Michel avait ré-engagé Davignon comme conseiller spécial, en dépit de nombreuses questions en suspens sur ce qui apparaissait comme un conflit d’intérêts.
Plus d’information sur Worst EU Lobbying le site qui a publié cette information (note du 12/07/2016 : lien brisé, selon la décidément très mauvaise habitude altermondialiste sabotant en toute innocence toute possibilité de travail cumulatif et de passage de relais temporel dans les luttes. Heureusement, le Musée et son Concierge veillent sur les collections...