Les Derniers jours de l'Europe (I)
Par Le concierge du Musée le jeudi 12 décembre 2013, 12:46 - Quatrième nuit de Walpurgis - Lien permanent
L'Europhile : Je dis simplement : récession en Italie. Survie compromise en Grèce. Sombres pronostics à Chypre. Préoccupations quant au AAA en France. Et que dites-vous de la dette, hein ?
L'Eurocrate: Que voulez-vous que j’en dise ? L'effondrement du Portugal est assez parlant.
L'Europhile : Mon Dieu, si on le compare par exemple aux excédents de l'Allemagne.
L'Eurocrate: L’Espagne aussi est dans un état lamentable, avec toutes les saisies immobilières !
L'Europhile : Les profits par contre explosent. Chez les assistés partout règne le découragement. Ils seraient contents que ce soit fini et que le drapeau à 12 étoiles soit hissé sur les bureaux d'aide sociale.
L'Eurocrate: Ça m’a frappé, moi aussi. Par exemple, en France, le découragement !
L'Europhile : Délations en Angleterre !
L'Eurocrate: Désespoir en Grèce !
L'Europhile : Accablement en Italie !
L'Eurocrate: L’ambiance au sein des partis de gauche, de façon générale!
L'Europhile : L'indignation s’effrite.
L'Eurocrate: Mélenchon rongé d’inquiétude.
L'Europhile : Syriza en plein n'importe quoi.
L'Eurocrate: Les altermondialeux se morfondent dans leur lit.
L'Europhile : Madrid, Paris et Rome dans le doute. Il suffit de regarder les titres, pas besoin d’en lire davantage puisqu’on sait déjà à quoi s’en tenir. On voit combien ça va mal pour eux et bien pour l'Europe. A la BCE aussi, il y a de l’ambiance mais, Dieu merci, d’un autre genre !
L'Eurocrate: A la Commission règne joie, optimisme, enthousiasme, espoir, satisfaction, nous sommes toujours de bonne humeur, pourquoi pas, on a bien raison.
L'Europhile : Tenir bon, par exemple, voilà ce qui nous passionne.
L'Eurocrate: Personne, nulle part, ne s’y prend aussi bien que nous depuis Pinochet.
L'Europhile : Le socialiste europhile en particulier est ultradoué pour tenir bon. Chez nous, les gens supportent le chômage comme si c’était un vrai plaisir.
L'Eurocrate: Le chômage ? Quel chômage ?
L'Europhile : Je veux dire, si tant est qu’il y ait du chômage
L'Eurocrate: Mais par bonheur il n’y en a pas !
L'Europhile : Très juste. Il n’y en a pas. Mais dites — si on n’est privé de rien — pourquoi faut-il tenir bon ?
L'Eurocrate: Je peux vous l’expliquer. Il n’y a effectivement pas de chômage, mais on le supporte aisément — c’est tout l’art. Depuis toujours on sait s’y prendre.
L'Europhile : Précisément. Faire la queue au bureau de chômage, c’est une partie de plaisir — les gens font même la queue rien que pour ça.
L'Eurocrate: La seule différence par rapport à avant, c’est que maintenant c’est la guerre économique. Si ce n’était pas la guerre on pourrait franchement croire que c’est la paix. Mais la guerre, c’est la guerre et on est tenu à certaines choses qu’avant on aurait seulement voulues.