La directrice des affaires économiques et financières à la Commission européenne, autrement dit, un fonctionnaire de Berlaymont, le siège de l'exécutif européen, a exigé du gouvernement grec qu'il stoppe purement et simplement le processus législatif visant à faire adopter un projet de loi sur « l'urgence humanitaire. » Les fonctionnaires européens auraient également mis leur veto sur le projet de loi concernant la restructuration des arriérés fiscaux.

Cette exigence est un révélateur. D'abord, du piège dans lequel les Européens ont tenté d'attirer la Grèce. En effet, cette question de l'urgence humanitaire a toujours été mise en avant par Athènes dans sa liste de réformes prioritaires à mettre en place, que ce soit celle du 23 février ou celle du 6 mars.

Mieux, la liste du 23 février avait été considérée par l'Eurogroupe comme une base de discussion valable. Autrement dit, la question de la lutte contre la pauvreté était acceptée par les Européens eux-mêmes comme une question d'importance et comme une « réforme » à mener.

En réalité, il semble qu'il ne s'agissait que de faire entrer les Grecs dans un processus de « négociations » où, grâce à l'urgence des besoins de financement du pays, on espérait bien faire renoncer le gouvernement Tsipras à l'essentiel de son programme, notamment à la lutte contre la pauvreté. C'est la stratégie décrite comme celle du « nœud coulant » par le Premier ministre grec lui-même.

Bruxelles estime que la Grèce n'a plus les moyens de négocier, compte tenu de sa situation financière. Elle pose donc ses conditions. Et dans ces conditions, le rejet de la loi humanitaire est central : cette loi revient en effet à reconnaître les conséquences sociales désastreuses de la politique menée depuis 2010.

Lire l'article de Romaric Godin paru sur le site de la Tribune