Journal intime d'une jeunesse Tunisienne
Par Le concierge du Musée le jeudi 30 avril 2015, 10:10 - Tunisie - Lien permanent
Nous sommes ceux qu’on traite de bons à rien, d’irresponsables, d’incapables, de chômeurs, de terroristes, d’alcooliques, de schizophrènes…
Nous sommes nés à l’époque de Ben Ali, ceux qui n’ont pas connu Bourguiba, ceux que la génération précédente traite d’incultes, d’ignares ou d’impolis…
Nous sommes ceux qui risquent leurs vies au fond d’une mer méditerranée qui sert de carte postale pour ceux qui sont dans l’autre rive…
Nous sommes ceux qui choisissent de se jeter à la mer à la recherche d’une vieille blondasse qui leur garantirait un avenir meilleur à coups d’allocations et de primes de chômage…
Ceux qui se baladent dans les rues de Naples ou de Paris, sans papiers, sans identité, mais avec un iPhone dernier cri qui joue du Mezoued à tue-tête et des baskets de marque couleur fluo comme signe de réussite…
Nous sommes ceux qui triment leur race à la recherche d’un emploi, les stagiaires à durée indéterminée, les contractuels à durée déterminée et les chômeurs à vie, ceux qui passent les concours, qui repassent les concours et qui re-repassent les mêmes concours sans jamais voir le bout du tunnel…
Nous sommes ceux qui terminent leurs études à 25 ans, qui chôment jusqu’à 30 ans, qui rament jusqu’à 40, et qui à 50 attendront impatiemment la retraite anticipée, une retraite pas dorée du tout…
Lire le texte de Sarra Fazaa paru sur le site Nawaat