Allocution du Premier ministre Alexis Tsipras concernant l'organisation d'un référendum le 25 juin 2015
Par Le concierge du Musée le samedi 27 juin 2015, 12:21 - Centre d'Economie du Bonheur - Lien permanent
Citoyens grecs,
Depuis six mois, le Gouvernement grec a livré une bataille dans un contexte d’asphyxie économique sans précédent, dans le but de remplir votre mandat, celui du 25 janvier.
Le mandat de négocier avec nos partenaires pour mettre fin à l’austérité et que notre pays renoue avec la prospérité et la justice sociale.
Pour un accord durable respectant la démocratie ainsi que les règles européennes conduisant à une sortie de crise définitive.
Au-cours des négociations, il nous a été inlassablement demandé de mettre en œuvre les politiques des mémorandums acceptées par les précédents gouvernements bien que celles-ci aient été condamnées sans équivoque par le peuple grec lors des dernières élections.
Jamais, à aucun moment, nous n’avons envisagé de trahir votre confiance.
Après 5 mois d’âpres négociations, nos partenaires ont soumis une proposition sous forme d’ultimatum à la démocratie et au Peuple grecs.
Un ultimatum qui contrevient aux principes fondateurs de l’Europe et à ses valeurs. Les valeurs de notre projet européen commun.
On a exigé du Gouvernement grec d’accepter une proposition qui ferait porter sur les épaules du Peuple grec un nouveau fardeau qu’il ne peut supporter et qui entraverait la renaissance de l’économie et de la société grecques – non seulement en alimentant les incertitudes, mais aussi en exacerbant encore plus les inégalités sociales.
La proposition des institutions comprend des mesures dérégulant encore plus le marché du travail, des coupes dans les retraites, de nouvelles baisses de salaires dans la fonction publique – et également une hausse de la TVA sur les produits alimentaires, les restaurants et le tourisme tout en supprimant les défiscalisations dans les îles grecques.
Ces propositions – qui violent directement les acquis sociaux européens et les droits fondamentaux du travail, de l’égalité et de la dignité – prouvent que le but de certains partenaires et membres des institutions n’est pas de parvenir à un accord viable et bénéfique pour toutes les parties, mais plutôt d’humilier le Peuple grec.
Ces propositions reflètent principalement l’insistance du FMI en faveur de mesures d’austérité dures et punitives. Le temps est aujourd’hui venu pour les grandes puissances européennes de saisir l’occasion et de prendre l’initiative de mettre définitivement fin à la crise de la dette grecque, une crise qui touche également d’autres pays européens et menace l’avenir de l’intégration européenne.
Citoyens grecs,
Nous sommes face à la responsabilité historique que les luttes et les sacrifices du Peuple grec ne soient pas vains et de renforcer notre démocratie et notre souveraineté nationale – et cette responsabilité est la notre.
La responsabilité du futur de notre pays.
Cette responsabilité nous impose de répondre à l’ultimatum sur la base de la volonté souveraine du Peuple grec.
Un Conseil des Ministres a été réuni ce soir et j’ai proposé la tenue d’un référendum pour que le Peuple grec décide.
Ma proposition a été approuvée à l’unanimité.
Demain, le Parlement tiendra une séance extraordinaire pour adopter la proposition de référendum du Gouvernement qui se déroulera dimanche prochain, le 5 juillet. La question posée lors de ce scrutin sera : la proposition des institutions doit-elle être adoptée ou rejetée.
J’ai dores et déjà informé le Président français, la Chancelière allemande et le Président de la Banque centrale européenne de ma décision et demain je demanderai aux leaders de l’Union européenne et des institutions, une courte extension – par écrit – du programme, afin que le Peuple grec puisse se déterminer libre de toute pression et de tout chantage conformément à notre Constitution et la tradition démocratique de l’Europe.
Citoyens grecs,
Je vous demande de décider – souverainement et dignement ainsi que l’histoire de la Grèce le réclame – si nous devons accepter cet ultimatum sidérant imposant une stricte et humiliante austérité sans fin, sans perspective de nous tenir un jour sur nos deux pieds, social et financier.
Nous devons répondre à l’autoritarisme et à l’austérité brutale par la démocratie – de façon calme et décisive.
La Grèce, berceau de la démocratie, doit envoyer un message démocratique qui résonnera en Europe et dans le monde.
Et je m’engage personnellement à respecter le résultat de votre choix démocratique quel qu’il soit.
J’ai la confiance la plus totale que votre choix fera honneur à l’histoire de notre pays et enverra un message de dignité dans le monde entier.
En ce moment critique, nous devons rappeler que l’Europe est la maison commune de tous ses peuples.
Qu’en Europe, il n’y a pas d’un côté des propriétaires et, de l’autre, des invités.
La Grèce est, et restera, partie intégrante de l’Europe, et l’Europe une partie intégrante de la Grèce.
Mais une Europe sans démocratie serait une Europe sans identité ni boussole.
J’appelle chacun d’entre-vous à agir dans l’unité nationale et le calme et à prendre une décision méritoire.
Pour nous, pour les générations futures, pour l’histoire grecque.
Pour la souveraineté et la dignité de notre pays.
Traduit de l'anglais par le Musée de l'Europe
Une traduction plus élaborée du Grec est disponible ici