Discours de Zoé Konstantopoulou en faveur du NON à l’accord imposé par les créanciers
Par Le concierge du Musée le samedi 18 juillet 2015, 22:25 - Quatrième nuit de Walpurgis - Lien permanent
Mesdames et messieurs, chers collègues, si pour certains la question et la responsabilité pèsent lourd, il est important de considérer que dans notre histoire il y a eu des hommes qui ont pris en charge des responsabilités, quand elles sont tombées sur eux, et qui ont opposé de bien plus grandes résistances que ce NON de conscience à ce qui, en effet, doit être repoussé.
Mesdames et Messieurs mes collègues, ce soir est un jour noir pour la démocratie en Grèce et en Europe. Mais c’est aussi un jour noir pour le Parlement grec, parce qu’avec un chantage cru, provenant de l’Union européenne et s’adressant d’abord au gouvernement et ensuite aux députés, le Parlement est appelé à ratifier, en 2h30 et sans discussions de fond, l’enterrement de sa propre fonction, de céder la souveraineté nationale, et d’hypothéquer les biens publics, en ayant comme horizon leur liquidation par un nouveau et bien plus monstrueux TAIPED (Fonds privé de gestion des biens publics), que mon parti, Syriza, appelait et appelle un “élevage de scandales”. Il est aussi appelé à assumer l’ensemble de la dette et la prise en charge de la totalité des obligations qui y sont liées, alors que cette dette n’est pas soutenable, elle est odieuse, illégitime et illégale. Plus encore, il est appelé à ratifier davantage de réductions des retraites, des réductions qui ont été jugées anticonstitutionnelles par le Conseil d’État et qui avaient été votées en novembre 2012, quand le groupe parlementaire de Syriza entier est sorti avec des panneaux qui disaient ’Vous détruisez le pays, partez maintenant’, et s’est uni ainsi au peuple et à la société, d’où il provient et auquel il appartient.
Le Parlement est appelé à ratifier, davantage de réductions sur les dépenses publiques, malgré le fait que ces dépenses sont en dessous de la moyenne européenne, malgré l’acceptation d’excédents primaires irréalisables qui mèneraient à une plus grande récession, malgré l’acceptation du fait que la procédure démocratique du référendum a généré une perte de la confiance. Il est aussi appelé à ratifier le rétablissement de la confiance par une législation sur commande, dans des échéances irréalisables et avec l’acceptation humiliante de dé-légiférer, d’abolir, des lois que nous avons votées ici au Parlement.
Si ce projet de loi, qui contient des références à un troisième mémorandum à venir, était apporté par les partis de ce pays qui sont pro-mémorandum, c’est-à-dire la Nouvelle Démocratie, le PA.SO.K, Potami, DIM.AR, et LA.O.S, je me serais adressée au Parlement avec un discours dénonçant une à une toutes ses dispositions. Cependant, c’est le gouvernement de la gauche et des forces anti-mémorandum qui amène ce projet de loi, c’est le gouvernement de Syriza et de AN.EL, qui n’a jamais eu comme objectif l’introduction et l’application des mémorandums, mais au contraire, l’exemption de la patrie de ces derniers. Ce gouvernement qui ne croit pas que les mémorandums de la soumission et de l’austérité sont un remède pour l’économie, mais qui soutient depuis plusieurs années qu’il s’agit bien de la mauvaise recette, du poison qui tue la société, et qui sait à quel point ceci est destructeur.
Il n y a aucun doute que le gouvernement agit sous la contrainte, que le Premier ministre a subi le chantage le plus cruel et le plus impitoyable, avec, comme outil de chantage, la survie de son peuple. Et il n’y a aucun doute que si ce chantage est ratifié ce soir, rien n’empêchera sa répétition, non seulement contre nous, mais aussi contre d’autres peuples et d’autres gouvernements.