La Grèce entre Occident et Barbarie
Par Le concierge du Musée le dimanche 9 août 2015, 02:20 - Quatrième nuit de Walpurgis - Lien permanent
C’est précisément pour (ainsi) rappeler cette ambivalence sémantique, que la Grèce, incarne alors ce pays qui oscille très inconfortablement, entre le proche et l’exotique. En somme, la Grèce contemporaine ne peut pas participer de manière disons commode de la dichotomie: les Européens et les Autres, puisque d’ailleurs, les Grecs eux-mêmes restent bien ambivalents sur ce qui relève de leur appartenance européenne, ou à la limite, quant au degré attesté ou supposé (et donc représenté), d’une telle appartenance. Les Grecs d’aujourd’hui, dignes héritiers - comme ils viennent d’être informés - de la gloire du passé européen, s’interrogent alors sérieusement sur leur appartenance probable au Tiers-Monde, politiquement, économiquement, voire culturellement.
J’y ajouterais alors l’épisode récent, pour illustrer cette... continuité historique jusqu’aux mémoranda actuels. Le FMI, par exemple, a certainement de la suite dans les idées et autant dans les pratiques. D’après les reportages du moment, (fin mai 2015), Vassílis Korkídis, Président de la Confédération grecque du Commerce et de l'Entrepreneuriat (ESEE) avait tout juste achevé sa déposition devant le Comité d'enquête parlementaire, ce dernier examine les conditions “d'adhésion” de la Grèce, au régime tutélaire de la Troïka et des mémoranda. “Certains ont été si prompts à nous enfoncer dans ces protocoles et d'autres l'ont fait”, déclara le président de l'ESEE, “les visites de la Troïka ont toujours terrorisé le marché. Je ne crois pas qu'il y ait un Grec qui croit que le mémorandum a secouru les affaires à travers le pays”.
M. Korkídis, avait évoqué également les visites en Grèce des représentants de la Troïka, et plus précisément leur comportement face aux interlocuteurs grecs: “Une fois, c’était en Décembre 2011, nous avons reçu la visite de la Troïka, M. Klaus Mazouch (BCE) et M. Poul Thomsen (FMI) s’étaient rendus dans nos bureaux, sans être accompagnés de la représentation grecque. Lorsque nous avons réagi devant leur exigence de réduire nos salaires pratiqués chez nous, et lorsque nous avons voulu les comparer avec les salaires des autres pays européens correspondants, vous savez ce que M. Thomsen avait-il dit ? ‘Vous faites une grosse erreur. Regardez les salaires en Europe du Sud-est et dans les Balkans, parce que vous y appartenez.’ Lorsque je lui ai demandé, ce qu'il en pensait, et ce que devrait être alors le salaire grec, il m'a dit, ‘300 €, c’est bon’.”
“Quand je leur ai dit, 'tombons d'accord pour comparer la Grèce à un pays européen sur cette question des salaires', alors leur position fut aussitôt bien claire: 'Il faut pratiquer les salaires de la Bulgarie'. Rien n'a été implicite de leur part, ils nous l'ont dit”, propos cités par la presse grecque
Lire l'article de Panagiotis Grigoriou paru sur son blog Greekcrisis sous le titre "Grèce-Europe occidentale, échanges et malentendus - II"
PS (sic) A l'appui de l'analyse anthropologique développée par l'auteur dans cet article, on lira avec profit l'article de Ivaylo Ditchev, l'inconscient turc du Bulgare, paru dans Liber, revue internationale des livres, n°20, supplément au numéro 105 de Actes de la recherche en sciences sociales, décembre 1994. Ici en pièce jointe, format texte