Même les places publiques sont à vendre

(écouter un débat à Marseille avec le Musée de l'Europe)

10 nouvelles terrasses font désormais de l’ombre aux clients des restaurants de la place Sainte-Catherine, sur le terre-plein central au pied de l’église. Certains riverains regrettent l’espace public phagocyté et parlent de «domestication par le cappuccino».

Marion Lemesre, vous êtes échevine MR du Commerce à la Ville de Bruxelles. On vous reproche de gagner sur les espaces publics...

Je viens de discuter avec une riveraine qui me dit qu’elle voudrait que ses enfants puissent jouer au foot ou lancer le frisbee place Sainte-Catherine. Je lui réponds qu’il y a un terrain de basket place du Nouveau Marché aux Grains et des terrains de foot parc Fontainas. Il y a aussi une aire de jeu juste à côté d’ici, place du Vieux Marché aux Grains.

La Ville lutte contre les night shops. On parle d’une interdiction de vendre de l’alcool après une certaine heure. Par contre, je peux consommer une bière en terrasse ici. N’est-ce pas une réglementation à deux vitesses?

L’ancienne législature a laissé les night shops se multiplier. Ça ne me plaît pas. Il n’y aura bientôt plus de consommation d’alcool permise en rue. Je préfère que vous consommiez une bière là sur la terrasse. L’occupation commerciale de l’espace public, ça ne me gêne évidemment pas en tant qu’échevin du commerce. Je préfère que les gens mangent à table plutôt que couchés par terre avec une canette du night shop. Pour ceux-là, il y a d’autres emplacements en ville.

Quid de celui qui n’a pas les moyens de s’attabler?

J’inviterai ces personnes à faire leurs courses dans un supermarché, à ramener leurs boissons chez elles dans un sachet pour les y consommer. Mais la consommation de rue doit cesser.

Mais si ces personnes sont sans-abri?

Alors elles doivent prendre contact avec le CPAS pour trouver une solution de logement.

Comme certains riverains, vous déplorez aussi la mendicité et le comportement de certains sans-abri. Mais que faire?

On m’a raconté que certains sans-abri viennent place Sainte-Catherine et font leurs besoins dans les poubelles. Juste là. Ça doit cesser! Il faut donner aux policiers les moyens d’agir. Un tel comportement, pour moi, ça mérite une arrestation. Et le Samu Social doit aussi trouver des solutions pour venir en aide à ces gens.

Les enseignes de la place Sainte-Catherine sont relativement luxueuses...

Je dirais surtout que Sainte-Catherine devient peu à peu le ventre de Bruxelles, avec ses restaurants qualitatifs et ses magasins gastronomiques: boulangerie, boucherie, champignons, poissons... Ce sont des offres de qualité vers lesquelles le quartier se spécialise.

Vous visez un développement similaire dans le piétonnier, aujourd’hui principalement couvert par des snacks?

J’espère qu’on pourra upgrader l’offre commerciale du piétonnier mais il ne doit pas devenir 100% horeca. Il faudra donc rester vigilant quant aux changements d’affectation et veiller à la cohésion de l’offre. L’idée c’est de segmenter le piétonnier avec certains tronçons horeca, puis des tronçons commerçants. Nous placerons aussi les terrasses au centre en laissant les flux piétons passer devant les vitrines.

N’y a-t-il pas trop d’événements sur le territoire de la Ville de Bruxelles?

La pression est énorme sur la Ville en terme d’animations. On a des dizaines de demandes chaque jour. On en refuse un nombre incroyable. La future agence régionale du tourisme aura là son rôle à jouer. Car la Ville n’est pas demandeuse de toutes ces activités. Certains événements restent incontournables, comme l’Ommegang, Plaisirs d’Hiver ou le Tapis de Fleurs. Mais d’autres font fuir les clients des commerces. Bien sûr, il ne faut pas voir chaque événement par la lorgnette du commerce. Mais c’est mon rôle.

source : l'Avenir (don de Patrick Taliercio)