Une très bonne chose s’est produite dans tout ça : les peuples d’Europe on pu voir se dérouler devant eux une énorme tragédie (dont ils ne connaissent pas encore la véritable portée) et savent que cette Europe et cette monnaie n’apporte rien de bon. Les masques sont tombés. Une très mauvaise chose s’est produite : les gens, dorénavant, entendront le terme « Gauche » et cracheront par terre, pour montrer leur mépris, ou sur leur poitrine, pour dire « loin de nous, ce mal » !

Moitié belge, je me sentais jadis fière de savoir que Bruxelles accueillait les institutions d’une chose aussi grande que l’Europe était à mes yeux. Cette Europe ne nous veut pas du bien. Elle vient nous faire la leçon. Elle, qui ne respecte même pas l’acquis communautaire. En tant qu’interprète, j’ai souvent travaillé à des conférences à contenu européen. J’ai vu de près le façonnage de toute une terminologie d’entomologiste pour disséquer nos vies. Et voilà que, maintenant, l’Europe est ouvertement néolibérale. Je le prends en pleine figure, mais, au moins, je sais mettre un nom sur ce qui m’est tombé dessus.

Et Syriza dans tout ça ? Oh, L’Europe est notre maison commune, l’euro est notre monnaie commune. Bon, elle n’est pas toujours commode l’Europe, mais on finira bien par s’arranger…

En tout cas, Syriza ne perdra pas le temps d’essayer d’expliquer aux gens ce qui se passe. Il n’indiquera pas quel est l’ennemi dans cette guerre que nous vivons. Car il s’agit bien d’une guerre. On s’attaque à votre image (les Grecs sont des fainéants qui ont vécu au-dessus de leurs moyens pendant bien longtemps et en plus ils vivent aux crochets de l’État). On s’attaque à votre emploi (alors que c’était le secteur public qui était sensé être démesuré, on a commencé par démanteler le secteur privé…le chômage est parti en flèche…). On s’attaque à votre santé physique (le système de santé, les hôpitaux, la sécurité sociale, tout vole en éclats…) et à votre santé mentale (le terrorisme des médias -qui fera partie d’un papier séparé - est impossible à décrire… un savant mélange de coups de fouets, de culpabilisation, de terreur et de haine… on ne s’est jamais tant préoccupés de ce que disaient la presse et les politiciens étrangers -surtout quand ils disent du mal des Grecs).

On s’attaque à votre dignité (votez ceci, ne votez pas cela, manifestez, ne manifestez pas, vous allez la bouclez, enfin ?!!!) Et pourquoi doit-on assumer les pertes des banques ?! Les débats télévisés, dont on attendrait quelque information, quelques éléments permettant de comprendre, sont un véritable cirque ou, plutôt, une arène où les interlocuteurs ne demandent qu’à bouffer les autres interlocuteurs en remuant leurs langues de bois). Bon sang, les allemands sont partout ! Ce Fuchtel, secrétaire d’état allemand aux affaires grecques (sic), sillonne le pays et s’attire le soutien de maires pour magouiller des affaires dans le domaine du traitement des déchets et du photovoltaïque… ! Les types de la troïka sont partout, entrent, sortent, critiquent, décident, critiquent encore…

Môssieur Joachim Fuchtel, délégué à l’Assemblée germano-hellénique ( ?) nommé par Mme Merkel en personne pour nous offrir son savoir-faire en matière de coopération entre collectivités locales….

À chaque fois qu’un débat important a lieu au Parlement, à l’occasion d’un énorme projet de loi, je me dis : « Ils ne vont pas rester-là, à participer à ce cirque ! Ils vont sortir de la Vouli et vont rejoindre les gens ! »

Mais, non…Jamais ! Au grand jamais ! On a bien droit à des discours mais c’est si peu de choses face à la tragédie qu’on vit…

Et, puis, arrive le moment fatidique. Les vieux partis ont épuisé leur potentiel. Ils ne pourront plus rien faire passer au Parlement. Les « partenaires » le savent bien. L’élection du nouveau président de la République est l’occasion toute donnée. Puisque Syriza n’est pas d’accord, nous allons aux urnes. Élection nationale, donc, pour un nouveau gouvernement. Les gens en ont marre, sont dépassés, souffrent. Tsipras apparaît comme la solution. Il est jeune, il ne fait pas partie du système politique pourri (?), il a des idées (?), il propose un programme de lutte contre la crise humanitaire qui frappe le pays. Veiller sur les plus démunis, redonner l’électricité et l’eau à tous ces foyers sombres et froids et à sec. Et, puis, merde ! Les Grecs sont un peuple fier ! On ne peut pas accepter que madame Merkel, madame Lagarde, monsieur Shäuble nous disent ce que nous devons faire !!! Nous sommes un État souverain ! Nous allons prendre soin des nôtres !

Lire l'article de "Christine" paru sur le site Okeanews