Le monde brûle, et le chat se peigne. La nouvelle religion de Varoufakis: la "raison pure"
Par Le concierge du Musée le jeudi 17 septembre 2015, 13:53 - Quatrième nuit de Walpurgis - Lien permanent
"Le maestro interprétant la Sonatine für Kategorischen Imperativ in C-Moll"
Yanis "Allstar" Varoufakis vient de publier un article dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, l'organe central du PPA (Parti patronal allemand) un article qui nous laisse pantois et auquel il nous semble nécessaire de répondre.
Cet été, explique Varoufakis, alors que les pays de l'UE réagissaient peu ou mal à la crise des réfugiés, un seul pays a fait renaître l'espoir : l'Allemagne, dont la chancelière, avec sa "relaxed leadership/entspannte Führung", a sauvé l'âme de l'Europe, assurant ainsi son "leadership moral". Carrément. Pourquoi l'Allemagne a-t-elle ouvert ses portes aux réfugiés ? (Entretemps, elle les a refermées, "provisoirement") Par intérêt, par calcul ? Que nenni ! Elle a tout simplement appliqué le principe kantien d'impératif catégorique, qui est purement moral et détaché de tout calcul et de tout objectif. Par un coup de baguette magique, la chancelière d'acier, honnie par les peuples de Grèce et des PIIGS, est devenue Super-Bisounours. Et Varouf de rejeter toute analyse des motivations instrumentales réelles de l'Allemagne comme "cynique". Puis il passe à la Grèce. Ici aussi, Varouf a une analyse très particulière, qu'il répète partout, de fêtes de la rose en fêtes de l'humanité. Le coup d'État bancaire contre la Grèce n'est pas dû à une volonté allemande, mais à un manque de volonté. L'Allemagne, d'après lui, est consciente que l'Eurozone telle qu'elle est aujourd'hui, n'est pas viable, mais elle n'arrive pas à se former une opinion sur les réformes qui seraient nécessaires et à se mettre d'accord là-dessus avec la France. Conclusion : l'Europe a besoin du "leadership moral" de l'Allemagne pour résoudre la crise de l'Eurozone. Que l'Allemagne laisse donc tomber sa vision d'elle-même comme "l'atelier exportateur" de l'Europe, en d'autres termes qu'elle oublie ses intérêts et devienne une pure entité kantienne.
Commentaire
Yanis Varoufakis, qui se présentait il y a quelques années comme un "erratic Marxist" (que nous avions choisi de traduire par "intermittent du marxisme ") semble désormais avoir rejeté tout matérialisme, tout ancrage dans le réel et le concret, pour se réfugier dans le royaume des idées pures, bref il est entré en religion. Que son opiomanie soit le "soupir de la créature opprimée" ne fait pas avancer le schmilblick. Quelles sont ses motivations pour se présenter comme lécheur de bottes de l'ordolibéralisme incarné par Merkel, Schäubel und Co.? Un plan de carrière au sein des institutions ? Un projet politique pour la Grèce et/ou pour l'Europe ? Mystère et boule de gomme. En tout cas, avec de telles positions, c'est très mal parti pour le "Plan B".
« Le kantisme a les mains pures, mais il n’a pas de mains. » (Charles Péguy, Pensées, octobre 1910)
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