Perspectives euro-fascistes
Par Le concierge du Musée le lundi 26 octobre 2015, 10:25 - Quatrième nuit de Walpurgis - Lien permanent
L'international Crisis Group remet à New York sa plus haute distinction 2015 au Président tunisien Beji Caïd Essebsi et à son allié Mohamed Ghannouchi du parti Ennahda. Trois autres personnalités sont distinguées dont l'italienne Emma Bonino que nous avions vue faire un petit tour de scène lors du sacre médiatique de Van Rompuy par le journal Le Soir pour sa "gestion" du Krach de 2008. Nous avions retranscrit ses propos à cette occasion.
Emma Bonino, italienne et ancienne Commissaire européenne radicale de gôche (nommée par Berlusconi), connue pour avoir voulu démissionner du gouvernement Prodi lorsque celui-ci fit mine de passer outre les oukazes de la Commission européenne en différant la réforme des retraites (bref, fit mine de faire une politique de léger centre-gauche : on se souvient que cette fausse gauche fut l'une des premières d'Europe à être radicalement éliminée par les urnes ce qui oublia d'être médité par ses homologues : tant pis pour elles.) Pour Bonino, les problèmes actuels de l'Italie sont évidemment dus à des “réformes” trop longtemps différées (que la dictature bancaire peut désormais imposer dans le cadre du “passage à l'Europe” cher à Van Rompuy, l'amateur de vidéos hard trash de viols de peuples en série qu'il dissimule au Conseil sous la couverture, y compris de Gallimard, d'ouvrages de philosophie catholique-brabançonne.)
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Conséquence fâcheuse et figure imposée : la montée des populismes. Emma Bonino ne s'en inquiétait pas, considérant qu'une opposition à 30% était somme toute normale et que ces élus potentiels ne pourraient rien faire (sous-entendu pas plus que les autres !). Et puis : “au côté sud de la Méditerranée, il y a des millions de personnes en marche qui ne vont jamais rentrer chez eux.” “Je vous conseille de ne plus jamais utiliser le mot de printemps arabe parce que le printemps ça évoque quelque chose de soft, doux très beau rose etc. Non (...) je vous conseille de l'appeler le réveil arabe parce que pas tous les réveils sont gentils, moi ça m'arrive de me réveiller très fâchée.”
“Le vrai problème n'est pas les 20 ou 30 % de populistes que nous aurons (...) Aux problèmes que ces mouvements posent sur l'immigration sur l'euro etc avec de mauvaises réponses, ce qui me fait peur c'est que la réponse des soit-disant pro-européens soit trop timide (...) Par exemple, il y a le mouvement raciste, ati-immigration etc, bon c'est leurs positions. Mais nous qu'est ce que nous sommes en train de répondre ? Tout d'abord nous sommes en train d'éviter le problème (...) Je rentre du Maroc, je pars en Tunisie, je suis allée en Turquie, je connais très bien... Je vous répète, il y a des millions de personnes en mouvement (...) Donc quelle est notre réponse au problème pas tellement à (Pepe) Grillo et à ceux qui veulent les éloigner tout de suite (sic) mais en faisant l'économie des erreurs qu'on a faites... Vous vous rappelez Monsieur le Pt, quelqu'un de pro-européen nous a cassé les pieds pour des années sur l'invasion des plombiers polonais... Vous en avez-vu vous ? Moi j'aimerais bien parce qu'en Italie on ne trouve plus un plombier ni polonais ou autre... Mais personne ne nous a envahis... Mais par contre on nous a cassé la tête pendant des années sur des choses qui sont pas vraies alors que ça vient de l'autre côté.”
“Ça vient de l'autre côté”...”, “bonnes questions, mauvaises réponses”, “millions de personnes en mouvement”. Voilà le plan B pour renforcer la citoyenneté “européenne” : un ennemi commun qui de préférence ne soit pas le banquier. On voit d'emblée ce qu'il reste de disponible sur le marché de la peur qui fait le bon citoyen de l'Europe orwellienne (on peut rajouter quelques morceaux entiers de Russes dedans). Du coup les partis d'extrême-droite ne sont guère inquiétants, on devine qu'ils pourraient même être utiles pour stabiliser des sociétés en ébullition sans rien lâcher de l'agenda de dépossession de la souveraineté au profit de l'accumulation du capital dans les poches des importateurs de travailleurs détachés. Comme en Italie et en Allemagne dans les années 30... Le film Fascisme INC vient opportunément rappeler que ce ne sont pas les électeurs qui ont mis ces partis au pouvoir (puisque le parti de Hitler était, précisément, “dans les environs de 30%”) mais qu'il s'agissait du plan B des élites économiques. On en vient à se demander si ce n'est pas le destin du Parlement européen de favoriser cette issue historique potentielle : chaque député ayant dix lobbyistes aux basques, la prise de contact entre le grand capital et les “populistes” (de droite) n'en sera que facilitée et on peut s'attendre à de nombreux win-win.
Lire l'intégralité : Herman Van Rompuy, la boule à neige de l'Europe