Une créature de Bruxelles nommée à la tête de la Roumanie
Par Le concierge du Musée le mardi 17 novembre 2015, 15:03 - Quatrième nuit de Walpurgis - Lien permanent
Après Papademos en Grèce, Monti en Italie, auquel on pourrait ajouter dans la périphérie proche Jomaa en Tunisie, c’est au tour d’un nouveau « technocrate neutre », Dacian Ciolos, ancien commissaire européen à l'Agriculture, de prendre la tête d’un gouvernement d’un pays membre de l’Union européenne, en Roumanie cette fois. En effet les classes politiques nationales sont corrompues mais la technocratie européenne ne l'est pas, comme l'indiqua un jour sardoniquement le Premier Ministre serbe à Friends of Europe au sortir de la Commission européenne: "On nous parle de corruption, mais c'est le mot réservé aux pays du Tiers-Monde. Chez vous, on appelle ça, la légalité".
Commissaire à l’agriculture sortant, il était resté dans les murs de la Commission comme « Conseiller spécial ». Il a également nommé une fonctionnaire de la Commission européenne Ministre de la Justice.
Il a logiquement mis en avant l’équilibre budgétaire et la « stabilité économique ». Le précédent gouvernement s’était attiré les foudres du FMI et de la Commission européenne qui « avaient vivement critiqué un allègement fiscal, doublé de hausses salariales, adopté par le gouvernement sortant, mettant en garde contre le risque d'une explosion du déficit public » (AFP 17/11/2015). Cette déclaration intervient au moment même où « le pacte budgétaire » est envoyé pour la deuxième fois aux oubliettes, cette fois-ci après une attaque de kamikazes « nécessitant » de sanctuariser hors pacte budgétaire le « pacte de sécurité » (armée, police, renseignement, contrôle des populations). Le dernier pacte aurait pu être qualifié de « pacte bancaire », s’agissant de « sauver » les banques après 2008. Les déficits publics qui s’en suivirent justifièrent l’immolation du peuple grec (avec la complicité de politiciens pris en otages et victimes du syndrome de Stockholm) et les régimes sévères d’austérité mis à profit pour détruire les États et les droits sociaux de citoyens rackettés. Comme l’historien Emmanuel Todd le dénonce, ces politiques constituent un « racisme objectif » puisqu’elles condamnent les populations les plus défavorisées. Ajoutons qu’elles produisent et reproduisent les pires inégalités sources de toutes les violences passées, présentes et à venir.
C’est le pacte de sécurité sociale qui doit prendre le pas sur le pacte de stabilité. Pas le pacte de violence sociale, sécuritaire et militaire.
Le Concierge