Et comme lors de la précédente journée d’action datant de novembre dernier, SYRIZA (le parti) et SYRIZA (ses syndicalistes), a appelé à manifester contre la politique de... SYRIZA (le gouvernement). C’est une première, d’ailleurs plutôt perçue comme une parodie de plus, par pratiquement tout le monde en Grèce... Syrizistes compris.

Certes, sur le site de l’Unité Populaire (ex-Plateforme de gauche à SYRIZA avant la scission), l’éditorial écrit par un proche de Panagiótis Lafazánis (le chef de l’Unité Populaire), fait état “de grande réussite de la journée de mobilisation, en guise de prélude au compte à rebours pour le gouvernement”.

Un... camarade alors visiblement excédé, a aussitôt... apposé suite à ce texte, le commentaire suivant: “Une fois de plus, vous écrivez ‘grand succès’ et ‘compte à rebours pour le gouvernement’ et ainsi de suite. Soyez enfin sérieux, en rabâchant tout cela les gens ne vous prennent plus au sérieux. Le vrai succès serait alors la grève illimitée jusqu'à faire annuler définitivement l’adoption des mesures d’austérité. Cessez de fonctionner comme une soupape de sécurité... créatrice d’illusions. Par ces journées d’action de 24 heures, c’est plutôt la notion de la grève qui est ainsi déconsidérée, aux yeux de la majorité des gens. Les longues luttes des métallurgistes comme celles des ouvriers de l’usine Coca-Cola, nous montrer le chemin. Arrêtez de caresser les oreilles des gens”. Temps donc aussi nouveaux ?

C’est alors sur les murs d’Athènes, que l’on découvre parfois le meilleur abrégé... des consciences du moment. Telles, ces incitations résistantes, mûries... de plusieurs mois déjà, mais qui n’ont rien perdu de leur pertinence: “Luttez, Résistez, Ne Râlez pas - Au bout du chemin c'est la Junte”.

(...)

Durant cette phase de recomposition... comme de décomposition à tous crins, Manólis Glézos vient de s’adresser aux 300 membres du parlement grec par une lettre ouverte, les invitant à libérer leurs propres consciences et à se débarrasser “de l'opium que constitue la ligne imposée par leurs partis”.

Manólis, résiste ainsi toujours face aux dits créanciers, et il implore presque les parlementaires grecs à résister à leur tour face à cette soumission, en écoutant enfin “les cris de ceux qui meurent de faim pour rembourser la dette auprès des bailleurs”.

“Brisez enfin l’assujettissement aux œillères des partis, et libérez vos propres consciences. Assis sur le parterre de l’ultime seuil de ma vie, je m’adresse donc à vous tous, pour ainsi crier haut et fort, vis-à-vis de chacun d’entre vous: Reprends-toi. Réveille-toi de l'opium que constitue la ligne du parti. Qu'as-tu promis au peuple pour qu’il vote en ta faveur, faisant de toi un représentant de la Nation ? Ne le ressens-tu pas?”

“C’est bien ta conscience, enchaînée dans les entrailles du peuple qui se retourne en ce moment. Libère-la. Ceux qui parmi vous, demeurent cependant sourds d’esprit, enfin, ils doivent enfin écouter les cris de ceux qui meurent de faim pour rembourser la dette auprès des bailleurs. Ceux qui parmi vous, se bercent toujours et encore à l'idée qu'il n'y a pas d’autre d'alternative possible que de s’endetter ou que de subir le Mandat de la Troïka, (ils) ont certainement oublié ces mots de Ménandre: ‘C’est par l’endettement que l’homme libre devient esclave’. (...) Je frémis lorsque j’observe toutes ces bannières de l'hypocrisie débridée comme autant de la corruption des consciences, et je crie haut et fort: Trompettes sacrées, sonnez enfin l’hymne de la Résistance. Pour que la Liberté réclamée nous soit ainsi remise”.

“Membres du Parlement, ne laissez pas le vent de la soumission assécher les larmes de la douleur, ne le laissez pas fausser l'avenir des jeunes générations. Rassemblez-vous autour de la lumière qui émane du foyer de notre maison commune, réfléchissez ensemble autour des lignes de la pensée, distinguez ce que les ancêtres ont légué à nous tous, résistez. Non à la servitude, non aux créanciers. Libérez vos consciences, décidez-vous enfin en toute liberté de conscience”, (hebdomadaire “To Pontíki”, au 4 décembre 2015)

Extraits de la chronique de Panagiotis Grigoriou parue sur son blog Greekcrisis sous le titre Lucidités et consciences