Odessa, 2 mai 2014 : un massacre occulté
Par Le concierge du Musée le mercredi 30 mars 2016, 09:16 - Quatrième nuit de Walpurgis - Lien permanent
Qui s’en souvient en France ? Encerclés par une foule en furie, plusieurs dizaines de membres et partisans du mouvement anti-maïdan réfugiés à la maison des Syndicats, à Odessa le 2 mai 2014, sont brûlés vifs ou asphyxiés, d’autres achevés à coups de barres de fer après s’être jetés par les fenêtres pour échapper à l’incendie. Qualifiés de « prorusses », ils avaient fait l’objet d’une opération de « nettoyage » lancée à l’instigation de groupes néo-nazis qui s’étaient déjà illustrés à Kiev quelques semaines auparavant dans la pseudo-révolution orchestrée dans la capitale pour renverser par la force le gouvernement démocratiquement élu. Or, sans ces groupes, et leur encadrement comme fer de lance des manifestations, il n’y aurait jamais eu de « révolution » sur la place Maidan. Quant à Odessa, non seulement des activistes ukrainiens d’obédience fasciste ont bel et bien constitué les troupes de choc armées, cuirassées et casqués qui ont assailli puis envahi la Maison des Syndicats pour y « liquider la racaille pro-russe », comme en témoignent de nombreuses vidéos filmées par des gens n’ayant rien à voir avec le FSB1, mais le déroulement de cette opération a pu s’effectuer sans que les autorités locales n’interviennent pour y mettre fin, la police, présente sur les lieux faisant preuve d’une remarquable passivité, tandis que les pompiers dont la caserne trouvait à proximité, battaient le record de lenteur pour se rendre sur place.
Sans doute, le gouvernement de Kiev s’est-il vu obligé de procéder à quelques limogeages de responsables locaux, à commencer par le gouverneur de la région d’Odessa, sous peine de perdre aux yeux de l’étranger une légitimité démocratique déjà douteuse. Mais les coupables directs ou indirects du carnage semblent toujours bénéficier, bientôt deux ans après l’événement, d’une totale impunité. Bien plus, certains d’entre eux continuent de patrouiller et parader dans les rues d’Odessa, à pied ou en véhicules, pour poursuive la chasse aux « prorusses » et menacer les habitants de la ville qui trouveraient à y redire, et ce jusque dans les tribunaux. Résultat : les parents et amis des victimes en sont encore à attendre que lumière soit faite sur les conditions de leur disparition, terme à prendre dans les deux acceptions du terme, puisque les cadavres de certaines d’entre elles n’ont pas encore été retrouvés.
Lire la suite de l'article de Jean-Pierre Garnier publié sur le site de la librairie Tropiques