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Nouveau siècle ainsi des usuriers triomphants (Troïkans compris), climat social grec délétère, violences entre migrants, affrontements dans les rues du Pirée entre Grecs politiquement opposés, et seulement la marche depuis Patras, celle des chômeurs lesquels ont rejoint Athènes en sept jours aurait pu... embellir un peu l’atmosphère. À l’initiative (visible) du maire de Patras, un cortège de chômeurs depuis sa ville, a rejoint (dimanche 10 avril) la capitale et plus précisément la Place de la Constitution (Sýntagma), après une semaine de marche depuis le Péloponnèse.

Ces chômeurs, représentatifs à vrai dire de plus de la moitié des forces supposées encore vives de la Grèce, ils ont été déjà accueillis avec tant d’émotion dans chaque bourgade traversée, leur courage et surtout leur dignité ont été ainsi salués. Cependant, comme cette initiative revenait en réalité au PC grec (le KKE et à son syndicat PAME), les autres composantes de la gauche ont de la sorte totalement ignoré l’événement. J’y étais Place Sýntagma et je peux en témoigner... il n’y avait pas grande foule. Seulement, le geste était bien beau et les chômeurs récompensés pour certains d’entre eux d’une couronne de laurier, au centre du rassemblement Place de la Constitution étaient visiblement émus.

Le chef du PC a salué l’événement, puis... survint le moment de la dissolution, pendant que... du restant de la vie quotidienne de la journée, les badauds du coin sur la partie basse de la Place ont ostensiblement ignoré nos chômeurs de Patras. D’en haut, les politiques de gauche (hors SYRIZA bien entendu) agissent en réalité très mollement, c’est-à-dire comme du temps de l’avant-Troïka, et ceux de droite ne sont guère très différents dans leur attitude (pour le moment ?). Drôle de guerre ou plutôt... Weimar de l’Égée, les migrants en plus. Les gens humbles comprennent alors ce que tous les politiciens font semblant de ne pas réaliser. Cela se nomme décidément... une dictature et autant une guerre... hybride à géométrie variable sournoisement déguisée en temps de paix.

Hasard de mes déambulations dans la ville, ce même 10 avril, j’ai découvert cet autre événement - un peu inattendu par les temps qui courent - un concert de musique Rock produit par un groupe connu et d’un âge bien mûr à l’intérieur du Musée de l’automobile (non loin du Musée national archéologique d’Athènes), accompagné d’un bazar de disques en vinyle.

Sociologie (pratiquement) bien distincte de celle des chômeurs de Patras comme de... chaque Patras, univers grecs disloqués autant que la classe moyenne finissante. Signe des temps, un des musiciens, d’ailleurs relativement connu en Grèce, m’a raconté ensuite au café du musée, qu’il est en train de vendre certains de ses biens (instruments de musique, vielles motos, meubles) afin de régler frais de scolarité pour sa fille, “maintenant qu'elle est en classe terminale, je ne peux pas la mettre dans une école publique, elle avait débuté ainsi il y a longtemps... avant la crise”.

Signe des temps, certains des rescapés (probablement) provisoires de la classe moyenne présents au concert, ont préféré s’attarder devant un modèle BMW Isetta 300, plutôt qu’en face des berlines de luxe, forcement héritées des temps anciens. Il s’agissait d'une des microcitadines les plus populaires produites après la Seconde Guerre mondiale, à un moment où les trajets à courte distance sont privilégiés, un original microscopique monocylindre “bubble car” de 1960, aux caractéristiques techniques assez inhabituelles. Par exemple, en raison de son ouverture par l'avant, le volant et le tableau de bord sont solidaires de la porte. Autres temps ?

Lire l'article de Panagiotis Grigoriou, paru sous le titre Temps de survol, sur son blog Greekcrisis