Résister et produire : La lutte des ouvrières de Mamotex
Par Le concierge du Musée le samedi 23 avril 2016, 19:15 - Tunisie - Lien permanent
Avec une industrie textile en déclin et la destruction de milliers d’emplois dans le secteur, le destin des 65 ouvrières et quelques ouvriers de l’usine Mamotex à Chebba semblait scellé. Mais Leila, Houda, Imen et leurs camarades de lutte ont décidé de se battre jusqu’au bout.
Aux violences physiques et verbales, se sont ajoutées de longues périodes de précarité et d’instabilité. “Tout était sous-évalué: les primes, les salaires, les heures supplémentaires, la titularisation des filles…”. Les ouvrières devaient parfois attendre plusieurs mois pour toucher leur salaire. Quant à la sécurité sociale (CNSS), elle était versée “une fois sur deux”.
Houda Charfeddine raconte aussi ces années de calvaire. “Parfois ils nous enfermaient dans l’usine les samedis après-midi pour qu’on termine une commande. Ils ne nous laissaient pas sortir. Et bien sûr, on ne nous payait pas d’heures supplémentaires”. “Il pratiquait les mêmes méthodes de Ben Ali”, renchérit Leila.
''Fin 2013, les ouvrières décident de se défendre contre leur patron en créant leur syndicat, affilié à l’UGTT. “Depuis, nos conditions de travail se sont nettement améliorées et nous avons surtout retrouvé notre dignité. La dignité c’est ce qui importe le plus. La dignité avant le pain”, se félicite Leila. Leur employeur aurait bien tenté de les en dissuader, en exerçant des pressions sur certaines d’entre elles, parfois par le biais de leur père ou de leur frère. Mais elles tiennent bon. Au départ, elles n’étaient qu’une poignée à oser s’engager dans une activité syndicale, de peur de représailles. “Petit à petit”, les plus sceptiques ont fini par se faire à l’idée que l’union ferait leur force.''
''Maintenant plus personne ne nous crie dessus. Dès que quelqu’un le fait, on s’arrête de travailler”. Leila s’estime chanceuse, elle a évolué dans une famille de syndicalistes. Pour d’autres, le travail syndical a été un réel apprentissage du droit du travail.''
Lire la suite de l'article de Monia Ben Hamadi paru sur le site Inkyfada