NuireDebout.png Affiche piquée à la Librairie Tropiques

Le projet de loi réformant le code du travail est arrivé mardi 3 mai à l’Assemblée nationale et examiné juqu’au 12 mai. El Amine Ghenim (avocat des salariés de Fralib, Unichips Flodor...) et Fiodor Rilov (avocat des salariés Goodyear, Continental, ArcelorMittal ...) réagissent et mettent l'accent sur le fait que «l'un des objectifs majeurs du texte est bien de bouleverser les rapports sociaux en France en permettant aux multinationales de licencier les salariés à leur guise».

Dans un groupe transnational les filiales de production n’ont donc aucune autonomie et aucun client. Elles sont réduites à de simples centres de coûts. Toutes leurs commandes proviennent de la société mère. Celle-ci fixe comme bon lui semble les quantités et les types de production, les prix et les salaires. La société mère peut transférer l’activité de l’une de ses unités industrielles à l’autre en un clin d’œil, surtout lorsque les deux usines fabriquent déjà le même type de biens ou de services. En outre, avec une telle organisation les salariés d’une multinationale n’ont aucune visibilité sur les lieux de commercialisation de leurs propres produits.

Ainsi, il est assez banal de constater qu’au sein d’un groupe international les performances économiques ne peuvent être évaluées qu’au niveau du groupe dans son ensemble.

Il ne viendrait à l’idée d’aucun investisseur, d’aucun analyste et, à ce jour, d’aucun Conseil de prud’hommes de contrôler la bonne ou la mauvaise santé économique d’une multinationale en vérifiant, tour à tour, les comptes de chacune de ses filiales. Ce qui importe, et ce qui est significatif, c’est le bilan et le compte de résultat consolidés.

Or, le projet de loi travail s’attaque précisément à cette règle. Le gouvernement et les promoteurs du texte affirment en cœur et avec une mauvaise foi à peine dissimulée que, dans une économie globalisée, le motif de licenciement d’un ouvrier qui produit des biens ou des services à destination du marché mondial doit s’apprécier exclusivement dans les frontières de l’hexagone. Autant dire que dans une France où la principale préoccupation est de trouver un emploi ou de ne pas perdre le sien, la dernière grande « réforme » du quinquennat permettra, si elle est votée, de licencier sans motif réel et avéré la majorité des salariés.

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