Sous bénéfice d'inventaire, l'utilisation du 49.3 dans le cadre de l'adoption de la loi El-Khomri a généré trois textes dont une seule pétition. Aucun de ces textes ne demande aux Députés de voter la censure quelle qu'elle soit ; un seul s'adresse aux Députés sous forme de pétition mais pour demander à la droite et à la gauche de se mettre "ensemble" pour signer une motion commune dont la menace permettrait le rejet de la loi travail "sans crise politique majeure" (il s'agit apparemment d'une initiative individuelle).

Le premier texte émane de "Nuit Debout" et "censure" le gouvernement. Bref, il s'agit d'un selfie de plus ne faisant même pas semblant de rechercher la moindre effectivité, ne parlons pas des moyens d'empêcher l'adoption de la loi via la censure du gouvernement. Confusion classique de "la cause" et "la pause" par ceux et celles qui "ne revendiquent rien".

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Le second texte émane notamment de Caroline De Haas, initiatrice de la pétition initiale "Loi El-Khomri, non merci" qui avait réuni 1 331 268 signatures (et les organisateurs possèdent donc le fichier des signataires).

Il s'agit en fait d'une motion, tout comme le texte de Nuit Debout, d'une affirmation dépourvue d'effectivité puisqu'il s'agit d'une "motion de censure citoyenne", ce qui n'a pas de réalité institutionnelle. Là aussi les signataires ne "revendiquent rien".

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Innovation par rapport à la pétition "Non, merci", elle met en avant "150 personnalités" que le "citoyen" infantilisé est invité à rejoindre.

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A ce stade, il est donc bon d'exposer le profil politique de Caroline De Haas (également co-signataire d'un texte de soutien aussi neuneu que distant à Nuit Debout paru dans le Monde.)

Mouvement des Jeunes Socialistes puis PS, porte-parole de Benoît Hamon, cette "personnalité" co-fondatrice d'Osons le Féminisme, association spontex, entre au cabinet de Najat Vallaud Belkacem (ministre des droits de la femme) après l'élection de Hollande où elle est chargée des relations avec les associations (un passage très rapide d'une association féministe au Ministère des droits de la femme, donc. Tout comparaison avec SOS Racisme et Ni Putes Ni Soumises serait évidemment inconvenante mais néanmoins sociologiquement juste.). Elle quitte le PS en avril 2014 et sa liste « Féministes pour une Europe solidaire » obtient 0,29% aux élection européennes en Ile-de-France. En janvier 2016, elle lance avec Elliot Lepers et Arnauld Champremier-Trigano la campagne "Pour une primaire à gauche".

Ce pedigree suggère que les luttes ne sont jamais aussi bien structurellement trahies que par ceux et celles qui dégainent les premiers lorsqu'une vague de contestation se forme pour y associer leur nom et être propulsé par la vague d'Hosukaï vers des hauteurs institutionnelles (un rapport horizontalité/verticalité pas si mal décrit par Frédéric Lordon dans Imperium, mais que la sagesse populaire appelle "opportunisme", ce qui est quand même plus facile à comprendre.)

Les signataires sont représentés par la photo de leur profil facebook (biais par lequel on signe la pétition) et on accède à leur nom en passant la souris dessus.

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Le troisième texte, et seule pétition, semble une initiative personnelle. Il a le mérite de revendiquer quelque chose, malheureusement totalement farfelu, que des députés de gauche et de droite s'entendent sur un texte de censure commun (en supposant que la droite est contre la loi !), et encore seulement pour obliger le gouvernement à retirer le texte pour éviter la censure et "une crise institutionnelle".

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Il y a là certainement de quoi désespérer Billancourt...

Une chose semble sûre : la fraction de classe moyenne qui s'agite médiatiquement autour de la loi El-Khomri n'a aucune détermination à empêcher qu'elle soit adoptée. Face à un gouvernement, si ce n'est un "Régime" comme on dit des Républiques bananières, véritablement à bout de souffle, c'est l'occasion de s'iconifier et de prendre position sur les barricades médiatiques. Et de constituer des bases de données sous forme de pétitions et de motions (ce qui est d'ailleurs l'objet de beaucoup de commentaires facebook sur la motion De Haas.)

Une chose est sûre : il faut faire tomber le gouvernement Vallas Macron notamment pour empêcher l'adoption de la loi El-Khomri.

N'en déplaise aux insurrectionnistes, c'est par la pression de la rue ET la voie institutionnelle que l'on peut y parvenir.

"En leur faisant peur". A qui ? Aux Députés qui ont signé la motion de censure de gauche mais refusé de voter la motion de censure de droite et dont la liste est ici.

Le Concierge

Laboratoire de Neuneulogie du Collège d'Argein