Note du concierge : On lira en complément l'article d'Alain Lipietz sur les origines de sinistre mémoire de la pensée juridique de l'ordo-libéralisme

Vie quotidienne qui se greffe alors obligatoirement aux grands phénomènes de la... biosphère du fait géopolitique. À travers son reportage, le journaliste de “Kathimeriní” du dimanche dernier (29 mai) regrette profondément la disparition de tant de milliers de petits (et parfois grands) bateaux traditionnels en bois, ceux qui sillonnaient encore il y a deux ans nos mers, bateaux devenus bien rares, pour cause de mise à la casse, réglementation de l’UE oblige, tout y est, l’euronécrophilie en plus. “Le métier traditionnel, vieux de plus de trois millénaires, celui de l'artisan, leur concepteur et fabriquant disparaît finalement en même temps”, note avec tant de nostalgie le journaliste.

Les bateaux disparaissent, nos... Constitutions aussi. Dans sa même édition, le journal “Kathimeriní” présente en... avant-première, l’ébauche d’une “nouvelle Constitution pour la Grèce, novatrice et modernisée, en rendant par exemple impossible la tenue d'élections législatives anticipées, tout comme, en opérant le transfert d'un certain nombre de prérogatives du Parlement, vers le pouvoir exécutif, ce dernier pourrait notamment être confié autant aux technocrates. Car il faut rendre la Constitution du pays mieux conforme... avec la réalité européenne, mais aussi avec celle des mémoranda”.

Le mot est lancé. Ces temps-ci, le “gouvernement” et le “Parlement” s’affairent pour renforcer le privilège de l’'immunité de juridiction dont bénéficie déjà la “Société Holdings SA et son Conseil exécutif” (article 192, paragraphe 7 de la loi 4389/2016), s’agissant de la... Treuhandanstalt à la grecque, (littéralement en français: “Agence fiduciaire”).

Pour mémoire, c’était l'organisme de droit ouest-allemand chargée de la privatisation des biens de la République démocratique allemande (RDA) après la réunification du pays. Pour ce qui est de la “Société Holdings SA”, elle est chargée de la privatisation ou de la “rentabilisation” des biens de la Grèce, l'organisme est alors placé sous le droit de britannique et/ou luxembourgeois, c’est-à-dire, celui des dits “créanciers”.

En prévision... initiale, la loi Tsipromémorandaire 4389/2016, évitera par exemple les “problèmes” dans le cas d'un procès (visant le dispositif mémorandaire, actuellement inconstitutionnel), et seul, le procureur de la Cour suprême, décidera de la recevabilité de l'examen préliminaire de la plainte, en cas de rejet, il n’y aura ni suite ni possible recours. C’est très exactement le type de problématique qui préoccupe en ce moment les divers cabinets d'avocats d'Athènes, ceux que la troïka a engagé (rémunérés avec de l'argent du peuple grec, bien sûr), pour ainsi “soigner” dans les moindres détails, le classement sans suite des poursuites visant à l'avenir, le cadre mémorandaire actuel.

Le processus est désormais connu... pour ne pas dire rodé. D’abord, la Constitution est suffisamment malmenée par les lois de l’UE, et/ou, par de reformes de type mémorandum, ou sinon, dans une variante moins... lourde, par ces dispositions présentées comme indispensables, la loi El Khomri, produit d'importation made in Union européenne illustre très exactement cette réalité pour ainsi mentionner un exemple autre que la Grèce.

Ensuite... très simplement, les Constitutions déjà malmenées des pays en question, sont purement et simplement remplacées par ces nouveaux textes “fondamentaux”, fondamentalement européistes, “ainsi gravées dans le marbre”. Sauf que l’irréversibilité prétendue dans l’histoire (celle du IIIème Reich jadis, celle de l’Euro et de l’UE bien de notre temps), ne relève que de la propagande des... envahisseurs pour le dire ainsi clairement. Les peuples ont démontré que souvent cette irréversibilité, a été renversée par les luttes d’en bas. Voilà en résumé pour notre instant historique de cet été 2016.

Lire l'intégralité de l'article de Panagiotis Grigoriou, paru sur son blog Greekcrisis, sous le titre "Départs et passages".