Sauf chez la nomenclature Syriziste, partout où je me trouve en Grèce, je perçois clairement cette énorme... brûlure qui ronge le peuple, Tsipras et les siens sont ainsi qualifiés de criminels politiques, voire, de criminels tout court. Le jeu politique ayant été neutralisé par l’Union Européenne et par les marionnettes locales, il devient difficile de prédire les suites éventuelles, après un effondrement... ou après l’implosion (ou même, l’explosion sociale).

Les nouvelles de l’économie grecque sont... alors plus alarmantes que jamais, faillites en série, suicide de Mamidakis, le patriarche avait 84 ans (d’une famille connue d’entrepreneurs pétroliers et raffineurs) après la faillite de son entreprise “Jet Oil”, faisant suite à la faillite en cours de Marinópoulos (ex Carrefour) et de deux cent mille prochaines faillites d’après la presse grecque (Kathimeriní), d’ici l’hiver prochain. Il y q enfin le refus mais aussi l’impossibilité de payer l’impôt, TVA comprise, et le gouvernement vient de dépêcher les agents du fisc sur les terrasses des îles et des plages, tandis que le Ministre Kourouplis a été pratiquement chassé de l’île de Milos, donc l’avenir serait bien prometteur !!!

Enfin, Rinaldi, un ancien du bureau politique SYRIZA, déclare à la presse que la... trahison avait été préparée entre 2012 et 2014 et qu’en 2014, un document non-officiel rédigé par le numéro deux de SYRIZA, Dragasákis, circulait et indiquait déjà “qu’il est hors de question de déchirer les mémoranda”.

Notre temps actuel, et pour ainsi dire l’intervalle 2015-2017, n’est donc pas une simple marque dans ce premier déroulement chronologique du XXIe siècle, en Europe déjà. Le Brexit déjà affirmé, les tentatives de renverser le sens des réalités et du vote, plans européistes dits d’urgence, car tout y est, s’amplifient, sans compter sur le projet de l’Europe à Six (de VGE), ainsi plat réchauffé de la dernière heure ; et pourtant, enfin une certitude: tout le monde comprend que l’UE est un cadavre.

J’observe qu’un texte vient d’être publié par le “Figaro”, une sorte de manifeste, (signé entre autres par Jacques Sapir, Paul Jorion, Michel Onfray et Jean-Pierre Chevènement) pour une négociation des Traités, où on peut lire entre autres: “D'abord rendre à la souveraineté populaire et à la démocratie leurs droits dans une Europe confédérale qui serait faite de l'entente et de la coopération entre les nations: cela suppose une réorganisation profonde des compétences et, le cas échéant, du mode de désignation des institutions européennes (Conseil, Commission, Parlement, Cour de justice, BCE). Il faudrait notamment outiller le Conseil européen où vit la légitimité démocratique en le dotant des services capables de préparer et exécuter ses décisions. De même le Parlement européen devrait procéder des Parlements nationaux pour que les compétences déléguées puissent être démocratiquement contrôlées”.

C’est vrai, on rentre dans un processus de déconstruction. Je ne comprends pas pourtant, (la question est peut-être rhétorique), pourquoi ainsi, au sujet des... “Institutions”, il va falloir les... désigner de nouveau, les redéfinir (Conseil, Commission, Parlement, Cour de justice, BCE) ou encore... “outiller” le Conseil européen, au lieu de tout abolir et de revenir aux États-nations des peuples souverains, dotés de Constitutions démocratiques; lesquels auront enfin tout le temps et le... loisir pour ainsi reprendre le chemin des Traités bilatéraux et polyédriques à leur guise.

Je dirais enfin, que ce... sympathique appel, sonnant ainsi l’heure de la “refondation” et du retour aux sources de la... légitimité démocratique pour l’Union Européenne (et c’est déjà un oxymore), s’apparente plutôt à un équivalent du programme de Gorbatchev... et de son Antiquité bien tardive, intitulé comme on sait Perestroïka. La suite fut depuis connue, et c’est plutôt mon ami l’historien, politologue et romancier Olivier Delorme, qui est plus clair dans son analyse, que d’ailleurs je partage, lorsqu’il écrit:

“Un appel bien ‘sympathique’ et qui ne sert strictement à rien, parce qu'il ignore le fait fondateur, fondamental, incontournable qui est que ce qu'on appelle l'Europe a été conçue dès Monnet pour servir exactement à quoi elle sert. (...) Les rapports de force construits depuis le traité de Rome par l'oligarchie n'en ont rien à secouer des peuples quand ils s'expriment... pourquoi tiendraient-ils compte des sympathiques propositions de 20 intellectuels ? On ne réforme, on ne réoriente, on ne refonde pas un carcan ; un carcan, on le brise ou on y crève”. C’est alors ainsi que l’irrécupérable Union Européenne des eaux troubles, ne sera pas... repêchée.

Extrait de l'article de Panagiotis Grigoriou, paru sous le titre "Repêcher... l'Union Européenne" sur son blog Greekcrisis.

Au sujet de l'appel des 20 intellectuels, lire aussi l'analyse d'Annie Lacroix-Riz, Observations sur l’appel de vingt intellectuels eurocritiques pour un nouveau traité européen

Note : Cet article commence par un long développement sur la destruction de la pêche artisanale (en attendant l'interdiction de la pêche à la ligne) au profit de la pêche industrielle, passant par la destruction des bateaux traditionnels et l'interdiction d'en construire