"Rien ne prend, et rien ne prendra plus jamais à gauche"
Par Le concierge du Musée le samedi 13 août 2016, 10:13 - Quatrième nuit de Walpurgis - Lien permanent
Nous savourons nos figues, leur été, et ainsi ce temps historique prétendument étincelé sous un tel soleil. Au même moment, les recettes fiscales de l’État vont de mal en pire, le gouvernement se lance comme il peut dans une... croisade contre l’évitement de l’impôt. Ce que je constate partout, tient du fait que les Grecs ne peuvent plus et ne veulent plus verser un seul sou à l’État, étant donné qu’en retour, ils obtiennent la réduction, voire l’anéantissement de leurs retraites, de leur système de santé, de leur possibilité de vivre, d’entreprendre... d’exister.
Il faut rappeler que le cynisme des arrivistes... “apatrides” de SYRIZA (comme le peuple préfère les désigner de plus en plus souvent en ce moment), a eu d’abord comme conséquence de disqualifier toutes, mais vraiment toutes les formations de la gauche grecque. “Rien ne prend, et rien ne prendra plus jamais à gauche, ou sinon... il va falloir attendre trente ans. Le ballon a changé de terrain et nous n’avons d’ailleurs plus d’équipe pour disputer un quelconque terrain politique. L’Unité Populaire - la Gauche tout court - n’est autre chose qu’un ramassis de sectes où les monologues se croisent... comme ils s’éloignent de la réalité concrète. Notre temps politique a été perdu, c’est-à-dire gaspillée et trahi entre 2012 et 2015 voilà tout. Les Grecs attendent d’autres... solutions, ils guettent le moment où ceux de la droite extrême, autres que les nazillons de l’Aube Dorée proposeront une issue à la crise. Je le vois venir”. Témoignage direct et très récent d’un cadre de l’Unité Populaire (et qui n’y restera pas très longtemps) ayant tout de même le sens des réalités.
Accessoirement (manière aussi de parler), comme SYRIZA (à l’exact suite des attitudes des gouvernements précédents), tente (en vain) de préserver “sa” fonction publique des pires conséquences des mémoranda, faisant peser sur tous les autres l’essentiel du fardeau ; il vient de ce fait d’entériner dans les mentalités et déjà... à travers les usages, la plus grande fracture sociologique que la Grèce contemporaine après la Guerre Civile (1944-1949) ait connue, à savoir, l’hostilité grandissante et d’ailleurs partagée, entre nos concitoyens fonctionnaires et toutes les autres catégories socioprofessionnelles que compte alors encore (un peu) ce pays.
Tandis que durant les grands mouvements sociaux et politiques contre les mémoranda en 2011 et 2012 par exemple, on observait bien cette osmose d’en bas, dépassant tout clivage socioprofessionnel, en 2016, le dialogue même entre ces “bandes rivales” est déjà impossible. Lorsque ceux de la fonction publique en ragent contre les commerçants qui n’éditent pas leurs factures, ces derniers rétorquent ouvertement qu’ils n’ont pas envie de payer pour engraisser une fonction publique à leurs yeux inutile, voire nuisible.
“Nous ne voulons pas et nous ne pouvons pas payer pour que vous, vous existiez, tandis que nous, nous mourons. Nous ferons tout pour faire couler votre navire, ainsi Tsipras sera obligé d’accepter les coupes sobres sur la fonction publique, rendues comme on sait automatiques après son... troisième mémorandum. Il a signé la mise à mort du secteur privé, nous lui rendrons ainsi... son dû”.
Extrait de l'article de Panagiotis Grigoriou paru sous le titre "Seul le Soleil sait" sur son blog Greekcrisis