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"Qu’il est loin le spectre d’une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro, et c’est tant mieux ! Il y a un an, certains parlaient de « Grexit »: je m’y opposais. Un an plus tard, nous sommes en train de réussir ensemble : je veux y contribuer."

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Le secteur bancaire a été consolidé, restructuré, et entièrement recapitalisé

Car il est nécessaire de comprendre exactement ce qui nous est arrivé. La valeur des actions des banques détenues par l’État, était de 17 milliards il y a encore un an, en octobre 2014. Sauf que l'économie semblait donner de signes positifs et, avec une croissance attendue de 2,9% pour 2015, ces 17 milliards deviendraient au moins 25 milliards aujourd'hui, en fonction toutefois de la situation internationale.

Au lieu de cela, la recapitalisation qui vient d’avoir lieu a fait perdre tout cet argent à l’État, et en plus, ce dernier devra verser encore 5 à 10 milliards supplémentaires aux nouveaux propriétaires des banques. La plupart d’entre eux sont ces étrangers lesquels ont obtenu le contrôle de 83% de notre système bancaire en versant seulement 5 milliards d’euro. Les dommages directs donc pour les banques, s’élèvent alors à 25, voire à 35 milliards d'euros, d’après certains calculs liés à l’état de l’économie grecque en ce moment.

Le prix de l’acquisition pour l’ensemble des quatre banques a été terriblement modique. La valeur de la Banque Nationale de Grèce a été évaluée à 71 millions d’euros, c’est pour dire... autant qu’un grand building lui appartenant, tandis que ses capitaux propres s’élèvent à plus de 6,5 milliards et que sa valeur en bourse avoisine le 1,3 milliard. Lors de la mise en vente de ses actions... la valeur de cette banque a été donc dépréciée de 99%. La valeur de la Banqué du Pirée quant à elle, a été fixée à 18,3 millions Euros, pourtant, ses capitaux propres s’élèvent à 6,6 milliards d’euros (dévaluation donc de 99,7%). L'Alpha-Bank, un établissent d’une valeur fixée à 510 millions et aux capitaux propres qui s’élèvent à 6,9 milliards, (93% de dépréciation,) avait une valeur en bourse de 779 millions d’euros. Eurobank enfin, a été évalué à 147 millions, une banque aux capitaux propres de 4,6 milliards d’euros, la dépréciation ici est de 99% (valeur en bourse de 353 millions)

(lire Razzia sur les banques grecques)

des restructurations sectorielles ont commencé

Les agriculteurs sont une des catégories socio-professionnelles particulièrement ciblée fiscalement par ce troisième mémorandum et la loi votée le 8 mai. L’objectif : réduire radicalement la petite paysannerie grecque pour ouvrir un boulevard à l’agrobusiness encore peu implanté en Grèce. Un horizon clairement assumé par le gouvernement, pour qui la finalité serait que deux tiers des agriculteurs « sortent du métier », que des 750 000 agriculteurs sollicitant des subventions dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) n’en restent plus que 275 000. Pour y parvenir, l’artillerie lourde est sortie : annulation des exemptions sur le carburant diesel, élévation de la TVA à 23% sur le matériel et les intrants agricoles, suppression du seuil de non-imposition de 12 000 euros, doublement de la taxation sur le revenu qui atteindra 26% en 2017, paiement de cet impôt de façon anticipée, augmentation des cotisations sociales de 30% de leur revenu. À quoi s’ajoutent l’abandon du projet de renégociation des prêts bancaires et la libéralisation du marché du lait, qui vont avoir un effet désastreux sur les exploitations agricoles grecques, qui sont à 90% de taille petite ou moyenne.

(Lire Réduire radicalement la petite paysannerie grecque pour ouvrir un boulevard à l’agrobusiness encore peu implanté en Grèce)

une importante réforme des systèmes d’imposition et de retraite a été entreprise

Les Grecs ont versé un milliard d’euros supplémentaire en impôts en juin dernier, en comparaison de la même période en 2015, cependant, depuis 2010, le cercle vicieux imposé à l’économie et à la société grecque à travers la multiplication des taxes et des impôts a eu comme effet la... baisse globale et sensible des recettes fiscales.

Les données publiées par la presse et cela depuis 2015, sont fort éloquentes à ce sujet. “En dépit de la tempête fiscale - écrit le quotidien ‘Kathimeriní’ - qui a éclaté en 2010 pour ce qui est de l’ensemble des impôts et des taxes (TVA, taxe immobilière, vignette automobile, impôt sur le revenu des personnes physiques et des sociétés), les recettes fiscales de 2015 sont inférieures de... 8,1 milliards d’euros par rapport à celles de 2010.”

“Alors, quel est-il donc l'instantané de l'exercice de la politique fiscale durant ces cinq dernières années ? Les données récoltées s'avèrent ainsi fort impressionnantes:”

“En raison de la récession et de l'évasion fiscale, la ‘matière imposable’ a considérablement diminué. En 2009, le revenu déclaré de l’ensemble des personnes physiques s’élevait à 100,3 milliards d’euros. En 2014, ce même ensemble est tombé à 73 milliards d’euros. Et pour ce qui est des entreprises grecques, en 2009 elles ont déclaré des profits imposables à hauteur de 15,07 milliards... mais seulement de 10 milliards en 2014. Voilà que durant les 5 années des mémoranda, l’État a perdu près de 32 milliards de ‘sa’ matière fiscale imposable, rien qu’en ce qui concerne les revenus...”

“En 2009, le total des recettes fiscales du pays s’élevaient à 49,724 milliards d’euros. Après les mesures (d’austérité) du premier mémorandum, l’État a récolté 51,266 milliards d'euros en 2010 (les Grecs n’avaient pas encore eu le temps de s’adapter à la nouvelle situation). Cependant ensuite, l'effondrement a effectivement commencé. Le déclin a débuté en 2010 et il s’accélère depuis, par conséquent, les recettes fiscales de l’année 2015 ont péniblement atteint un global de 43,162 milliards d’euros.”

“Ce qui est autant indicatif de la surimposition, tient en effet du ratio des recettes fiscales totales et des revenus déclarés: En 2010, le revenu déclaré de l’ensemble des personnes physiques et morales s’élevait à 115 milliards d'euros. Les impôts perçus se sont élevés à 51,26 milliards d’euros, ce qui représente 44,5% des revenus concernés. En 2014, ce même revenu déclaré s’élevait à 83 milliards d’euros et les recettes fiscales correspondantes se sont élevées à 44,24 milliards d’euros. Le ratio atteint déjà 53,3%. Voilà, que pour 100 euros de revenu déclaré dans ce pays, les 53,3 euros reviennent d'une manière ou d'une autre (TVA, Taxe Foncière, impôt sur le revenu, autres taxes, etc.) à l'État” (et cela hors cotisations), (“Kathimeriní” du 1er Novembre 2015).

De son côté, le journal “Rizospástis” (quotidien du PC grec), en citant les données récentes issues du rapport du Secrétariat Général des recettes publiques au sujet des recettes fiscales de juin 2016, il dénonce l’augmentation sans cesse croissante de la part que représentent les impôts indirects dans l’assiette globale perçue par l’État. “La principale charge fiscale en juin 2016 provient des impôts indirects, à hauteur de 61% des recettes globales, le taux correspondant en juin 2015 était de 56,1%, c’est un hold-up fiscal visant essentiellement les classes populaires” (“Rizospástis” du 26 août 2016).

(Lire Collision en mer)

et un cadre juridique pour la nouvelle agence du revenu autonome et le fonds de privatisation et d’investissement a été stabilisé. Tout ceci constitue un paquet de réformes très substantiel, sans précédent, permettant de tourner progressivement la page de la crise.

La police veille, le totalitarisme triomphe, la grammaire de la vie est ailleurs. Entre le jeudi 19 et le dimanche 22 mai, les “députés” SYRIZA/ANEL se penchent sur le nouveau texte, dit de la “poly-loi” cadre, dont la longueur dépasse les... 7500 pages, s’agissant (entre autres) de transférer le contrôle des recettes perçues par l’État Grec à l’étranger (Troïka), en plus de la privatisation partielle ou totale de pratiquement toutes les régies publiques (ports, aéroports, chemins de fer, eau potable, électricité...). Sans oublier enfin, le transfert de l’ensemble les biens de l’État (et à de rares exceptions près), dont les gisements (futurs) d’hydrocarbures, à une superstructure contrôlée par les dits “créanciers” et cela, pour une durée de 99 ans. Week-end grec suffisamment pluvieux pour un mois de mai, et dernier crime en date du... “pornographe” politique Alexis Tsipras, comme de toute sa clique d’arrivistes accrochés au pseudopouvoir dans cette ultime mascarade des “démocraties” occidentales avant disparition. Glaciation et... Tsiprosaures!

(Lire Cauchemar en Grèce : dans l'indifférence NuitDeboutisée des peuples d'Europe, Tsipras remet le Trésor et les biens publics grecs entièrement entre les mains des “institutions”)

et de retraite a été entreprise

Fait d’une importance cruciale pour saisir la portée de cette destruction du système des retraites : dans un pays dévasté par la crise, où le taux de chômage officiel dépasse 23% et où plus de quatre cent mille personnes ont émigré depuis 2010, le budget de plus d’un ménage sur deux dépend majoritairement de la retraite des grands-parents. En effet, selon les chiffres communiqués par Savas Robolis, un universitaire expert de la question, proche par ailleurs du gouvernement, 350 000 familles ne disposent d’aucune source de revenu provenant de l’activité de leurs membres, 500 000 familles ne comptent qu’un seul actif et seuls 105 000 parmi les 1,35 million de chômeurs sont indemnisés

1. Suppression graduelle jusqu’en 2019 de l’aide accordée aux 370 000 pensionnés recevant les retraites les plus faibles (EKAS), qui verront leur retraite diminuer en moyenne de 193 euros.

2. La division des retraites en « retraite nationale » (sorte de filet minimal de 384€) et « retraite principale » ne conduit pas seulement à une baisse mais à un système « proportionnel » appliqué à la retraite principale qui signifie la fin de la retraite par répartition.

3. Le durcissement des conditions d’attribution de la retraite nationale, la seule qui est garantie par l’Etat, touchera certaines catégories comme les handicapés avec un taux de handicap inférieur à 80%, qui n’atteindront même plus ce minimum.

4. Diminution de 20 à 30% des retraites principales pour tous ceux qui partent à la retraite après le vote de la nouvelle loi du fait de la diminution du taux de remplacement ramené à 40,7% (la proposition initiale du gouvernement était de 45%, le taux précédent était de 60%).

5. Les retraites principales déjà versées seront « recalculées » sur la base des nouveaux taux de remplacement et donc drastiquement diminuées. La perte sera compensée pour les celles et ceux qui sont déjà retraités jusqu’en 2018, par la règle de la « différence personnelle », mais celle-ci prendra graduellement fin à partir de 2018.

6. Une grande part des retraites subit déjà des coupes du fait de la mise en place d’un plafond maximal de 1820 euros net, de la suppression graduelle de l’EKAS (cf 1) et de l’augmentation de la contribution santé, de la diminution de la retraite nationale pour ceux partis à la retraite à partir du 1er juillet 2016 et de la pénalisation supplémentaire à hauteur de 10% pour ceux qui partent à une retraite anticipée.

7. Coupes de 15 à 20% aux retraites complémentaires, appelées à se poursuivre, du fait de l’application de la règle du « déficit zéro » aux régimes complémentaires.

8. Instauration d’un nouveau mécanisme de diminution des retraites applicable à partir de 2017 pour tenir l’engagement de non dépassement de plus de 2,5% de l’enveloppe globale consacrée aux retraites par rapport à son niveau de 2009 et ce jusqu’en 2060, date à laquelle le nombre de retraités aura augmenté de 70% par rapport à 2009.

9. Les retraités qui ont un emploi verront leur retraite diminuer de 60%.

10. Hausse brutale cotisations retraites des professions libérales, des indépendants et des auto-entrepreneurs, catégories très développées en Grèce où seulement 66% de la population active est constituée de salariés et dont la plupart ont des revenus moyens et faible. Avec la hausse de la fiscalité, ce sont deux tiers du revenu de ces catégories qui aboutit aux caisses de l’État.

(Lire Grèce : La mort sociale des retraités)

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la croissance reviendra en Grèce dès ce deuxième semestre 2016

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Le chômage a commencé à diminuer.

Le taux de chômage en Grèce, le plus élevé de la zone euro, a enregistré une baisse au premier trimestre sur un an, à 24,9% contre 26,6% pour la même période de 2015, a indiqué jeudi le service des statistiques grecques (Elstat).

Le chômage est par contre reparti à la hausse par rapport au trimestre précédent, où son taux s'établissait à 24,4%. "Le taux d'emploi a augmenté de 2,9% sur un an, et reculé de 1% par rapport au quatrième trimestre 2015", a indiqué l'Elstat.

Malgré ce recul sur un an, le nombre des chômeurs, dans un pays qui compte une dizaine de millions d'habitants, s'élève à près de 1,2 million de personnes, les jeunes et les femmes étant les plus touchés, à 50,9% et 29,5% respectivement.

Plus d'un cinquième de chômeurs n'a jamais travaillé, tandis que les chômeurs de longue durée (en recherche d'emploi depuis au moins 12 mois) représentent 70,3% du total.

(Le Figaro)

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Les bateaux disparaissent, nos... Constitutions aussi. Dans sa même édition, le journal “Kathimeriní” présente en... avant-première, l’ébauche d’une “nouvelle Constitution pour la Grèce, novatrice et modernisée, en rendant par exemple impossible la tenue d'élections législatives anticipées, tout comme, en opérant le transfert d'un certain nombre de prérogatives du Parlement, vers le pouvoir exécutif, ce dernier pourrait notamment être confié autant aux technocrates. Car il faut rendre la Constitution du pays mieux conforme... avec la réalité européenne, mais aussi avec celle des mémoranda”.

Le mot est lancé. Ces temps-ci, le “gouvernement” et le “Parlement” s’affairent pour renforcer le privilège de l’'immunité de juridiction dont bénéficie déjà la “Société Holdings SA et son Conseil exécutif” (article 192, paragraphe 7 de la loi 4389/2016), s’agissant de la... Treuhandanstalt à la grecque, (littéralement en français: “Agence fiduciaire”).

Pour mémoire, c’était l'organisme de droit ouest-allemand chargée de la privatisation des biens de la République démocratique allemande (RDA) après la réunification du pays. Pour ce qui est de la “Société Holdings SA”, elle est chargée de la privatisation ou de la “rentabilisation” des biens de la Grèce, l'organisme est alors placé sous le droit de britannique et/ou luxembourgeois, c’est-à-dire, celui des dits “créanciers”.

En prévision... initiale, la loi Tsipromémorandaire 4389/2016, évitera par exemple les “problèmes” dans le cas d'un procès (visant le dispositif mémorandaire, actuellement inconstitutionnel), et seul, le procureur de la Cour suprême, décidera de la recevabilité de l'examen préliminaire de la plainte, en cas de rejet, il n’y aura ni suite ni possible recours. C’est très exactement le type de problématique qui préoccupe en ce moment les divers cabinets d'avocats d'Athènes, ceux que la troïka a engagé (rémunérés avec de l'argent du peuple grec, bien sûr), pour ainsi “soigner” dans les moindres détails, le classement sans suite des poursuites visant à l'avenir, le cadre mémorandaire actuel.

Le processus est désormais connu... pour ne pas dire rodé. D’abord, la Constitution est suffisamment malmenée par les lois de l’UE, et/ou, par de reformes de type mémorandum, ou sinon, dans une variante moins... lourde, par ces dispositions présentées comme indispensables, la loi El Khomri, produit d'importation made in Union européenne illustre très exactement cette réalité pour ainsi mentionner un exemple autre que la Grèce.

Ensuite... très simplement, les Constitutions déjà malmenées des pays en question, sont purement et simplement remplacées par ces nouveaux textes “fondamentaux”, fondamentalement européistes, “ainsi gravées dans le marbre”. Sauf que l’irréversibilité prétendue dans l’histoire (celle du IIIème Reich jadis, celle de l’Euro et de l’UE bien de notre temps), ne relève que de la propagande des... envahisseurs pour le dire ainsi clairement. Les peuples ont démontré que souvent cette irréversibilité, a été renversée par les luttes d’en bas. Voilà en résumé pour notre instant historique de cet été 2016.

les mesures à prendre dans le domaine de la fiscalité,

L’histoire date du 22 décembre dernier mais elle vient tout juste d’être révélée par la presse. Sur un marché de Thessalonique, les agents du fisc accompagnés par des policiers interpellent une femme âgée qui vend des objets personnels “sans autorisation”, une... braderie pour survivre et surtout, pour pouvoir faire face aux frais exigés par sa thérapie.

Suite aux affaires similaires, celle d’abord du vendeur de châtaignes à Thessalonique, puis de celle de la vielle femme veuve et... trafiquante de persil à Trikala (en Thessalie) auxquels les agents du fisc ont infligé des amendes de plusieurs milliers d’euros, il y a donc cette troisième récidive... de la criminalité institutionnalisée (car exercée en dépit de tout critère de justice sociale, qui plus est, dans un pays au Contrat social définitivement déchiré), qui en rajoute, au climat délétère de l’année SYRIZA comme de toutes les autres années depuis au moins 2010.

D’après le reportage, cette femme, proposait à la vente: un chandelier, un pot de verre et un plateau de service, objets aussitôt confisqués et détruits d’après le protocole... strictement suivi par les agents du fisc ! Une amende de dix mille euros lui a été infligée.

(Lire SA fiscales sous le protectorat de l'UE en Grèce)

Effectivement les temps changent et... la crise épuise. Ces jours-ci, la presse grecque souligne une fois de plus ces évidences devenus triviales: les Grecs versent 50% à 60% de leur revenu à l’État, après imposition directe et indirecte et après avoir versé leurs cotisations. Ce qui incite le plus grand nombre possible, à s’aventurer dans l’économie parallèle, voire parfois même criminelle, ce qui encourage autant un nombre croissant d’entrepreneurs comme on dit indépendants, à (se) délocaliser.

Avocats, architectes, médecins, consultants et même comptables, préféreront désormais d’exercer leurs activités depuis Chypre, depuis la Bulgarie ou depuis parfois un pays de l’Eurocentre, c’est une évidence. Pour ce qui est des... petits indépendants, surtout depuis la récente réforme du mémorandum Tsipras imposant la hausse des cotisations et des taxes, le calcul fournit par la presse grecque est fort éclairant en la matière.

Sur un chiffre d’affaires annuel disons de 20.000€ par an, un... petit entrepreneur grec versera en taxes, impôts et cotisations 15.000€ à 16.000€, au lieu par exemple de 6.000€ à Chypre ou en Irlande. Ce qui explique autant le non-versement devenu massif des cotisations chez les indépendants, tandis que les autres organismes de prévoyance (beau... euphémisme) se trouvent également au bord de la faillite. Bientôt l’effondrement?

(Lire Temps de chien)

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Les jeunes femmes grecques vendent du sexe pour le prix d'un sandwich”, d’après un reportage paru cette semaine dans la presse anglo-saxonne, “The Washington Post” et “The Independent”. Le reportage souligne... ainsi l’évidence: que six années d'austérité bien douloureuses, ont poussé le pays dans le gouffre. L'étude citée pour les besoins de l’article est explicite: “D’après bien de données portant sur plus de 17.000 travailleuses du sexe opérant en Grèce, force est de constater que les femmes grecques dominent maintenant l'industrie de la prostitution dans ce pays, en remplaçant les femmes originaires d'Europe de l’Est, et que le sexe vendu en Grèce, figure parmi les moins chers en Europe”.

“‘Certaines femmes le font juste pour une tarte au fromage, ou pour un sandwich car elles ont besoin de manger, elles ont faim’, explique Grigóris Laxos, professeur de sociologie à l'Université Pántion à Athènes. ‘D’autres femmes encore, (elles) se prostituent pour payer les impôts, les factures, ou pour faire face à certaines dépenses urgentes ou parfois, pour se procurer un médicament’.”

(Lire Les jeunes femmes grecques vendent du sexe pour le prix d'un sandwich)

En visite officielle dans la colonie, Pierre Moscovici, sous le regard... vraisemblablement ahuri du “ministre” Tsakalotos, vient de rappeler les termes de l’ultimatum du mois: La Grèce dispose d’un délai de six jours jusqu’à l’Eurogroupe de lundi prochain pour appliquer les mesures pré-requises et préalables au versement d’une tranche de deux milliards d’euros.

Parmi ces mesures, y figurent notamment, la disparition de la protection de la résidence principale face aux saisies pour dettes, ainsi que la priorité désormais accordée aux fonds rapaces dans... l’acquisition des crédits dits ‘rouges’ accompagnés d’hypothèques, autrement-dit, tous ces prêts auprès des banques que les particuliers et les entreprises ne peuvent plus rembourser, d’après le reportage du “Quotidien des Rédacteurs” daté du 3 novembre. Vent fort et alors vent mauvais

C’est ainsi que la mort rode en nous et autours de nous, mer Égée comprise si l’on considère autant les cadavres flottants des réfugiés et migrants, eux comme nous (mais à un degré divers)... agissant sous la ligne de flottaison de la modernité modélisatrice et mondialisante du capitalisme (...)

(Lire Banalité du mal : L'huissier Moscovici se présente à la porte des chaumières grecques)

Des chiffres apocalyptiques

La crise sanitaire qui se propage en Grèce est endémique :

Augmentation de la mortalité infantile de 51%, des petits poids à la naissance de 16%, de la mortalité néonatale de 32% (2008-2011) – soit un doublement en chiffre absolu ;

Diminution de plusieurs couvertures vaccinales (d’où éviction scolaire) ;

Augmentation des hospitalisations dans les hôpitaux publics de 37% (2009-2011) ;

Diminution de 50% des dépenses totales du Ministère de la santé depuis 2008 ;

Instauration d’un ticket modérateur pour soins ambulatoires en hôpital précédemment gratuits (2011) ;

25% des Grecs n’ont plus de couverture santé ;

La crise sociale augure d’une crise sanitaire sans précédent :

Taux pauvreté infantile: de 23% à 41% (entre 2008 et 2011) ;

En quatre ans, augmentation du taux de suicide de 45 % ;

2,5 millions de Grecs vivent sous le seuil de pauvreté ;

Taux chômage (mars 2015): 25% (stop des indemnités et de la couverture maladie après maximum 12 mois) ;

28% des Grecs vivent dans des logements surpeuplés ;

30% disent ne plus pouvoir se chauffer en hiver ;

(Lire « Le personnel hospitalier est précipité dans une situation de pays du tiers-monde »)

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Avec cette proposition, l'Eurogroupe a clairement franchi un nouveau stade dans son traitement de la crise grecque. Il s'agit désormais d'introduire un mécanisme préventif qui échapperait aux gouvernements helléniques et déclencheraient immédiatement une série de mesures précises. Autrement dit, la demande de l'Eurogroupe est d'exclure à l'avenir ces mesures du champ politique. Une fois votée à l'avance, elles s'imposeraient aux Grecs quel que soit le gouvernement ou la situation économique. Avec cette demande, l'Eurogroupe et le FMI affirment leur défiance absolue vis-à-vis de la Grèce et réclame que le gouvernement grec aie le moins de maîtrise possible à l'avenir de sa politique budgétaire et économique, qui est pourtant déjà réduite. Ce que les créanciers veulent éviter, ce sont les discussions sur le détail des mesures qui ont trop ralenti à leur goût l'adoption des mesures depuis cet été.

La demande de l'Eurogroupe va également fort loin dans la mesure où, comme l'a précisé Jeroen Dijsselbloem, les ministres des Finances de la zone euro savent parfaitement que des « mesures contingentes » sont inconstitutionnelles en Grèce. Il n'est pas possible de voter des décisions budgétaires « à l'avance ». Le président de l'Eurogroupe, comme le commissaire européen Pierre Moscovici, ont donc invité les Grecs à proposer un mécanisme permettant de contourner la loi fondamentale hellénique. Bref, tout se passe comme si l'intérêt des créanciers devait primer en Grèce sur tout le reste, y compris l'ordre démocratique et l'état de droit.

(Lire La marionnette Moscovici exige de nouvelles violations de la Constitution grecque)

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Mais il y a quelque chose dont on parle peu dans les médias européens. Dans ce fameux laboratoire, on mène d’autres sortes d’expériences. De manière tout à fait concomitante avec la destruction de la société, le gouvernement de la Troïka a pris ses dispositions pour exploiter les ressources naturelles. Evidemment cela se fait par les moyens classiques, c’est-à-dire la diminution des fonds accordés à la protection et la gestion de l’environnement. Cela passe aussi par la remise en cause des dispositions législatives et règlementaires qui barraient tant bien que mal la route à la surexploitation des ressources naturelles. Mais cela va jusqu’à la remise en cause de la constitution grecque qui empêchait (dans plusieurs articles dont l'article 24) l'exploitation privée du littoral et des espaces forestiers ; le mémorandum 2, voté au printemps 2012, accorde désormais cette possibilité. Les plages, par exemple, sont cédées pour 50 ans ! On assiste déjà ou très bientôt à une vague de privatisations, de concessions, de ventes et, d’une manière générale, d’accaparements sans précédent : des ressources minières, des terres, du littoral, de la mer, des forêts, des îles, des sources thermales et des grottes, des monuments archéologiques et des ports ou de la gestion des déchets et de l’eau. A titre d'exemple, fin janvier 2013, l'Acropole et le lac de Cassiopée à Corfou ont été vendus à NCH Capital pour y construire des logements touristiques. Cela se traduit aussi par ce qu’on appelle des éléphants blancs, c’est-à-dire des grands projets inutiles construits contre les besoins des populations, y compris dans une période de récession de cette ampleur : c'est le cas du projet de détournement du fleuve Akhelóös ou des investissements nécessaires pour les énergies renouvelables industrielles. Mais, les formidables cadeaux qu’offre le gouvernement grec au « monde de l’entreprise », ne servent même pas à créer de l’emploi ou améliorer le sort de la population, puisque le chômage atteint 27% en 2012. Dans cette Grèce du XXIème siècle où l'on brade tout pour rien, c’en est fini de la vie telle qu’on l’a connaissait. Le pays devient un protectorat énergétique et la nature se transforme en un nouvel espace d’investissement, immense casino pour les profits des capitalistes avides de continuer à s’enrichir. Bienvenu dans ce monde où cette déesse moderne, la dette, exige qu’on sacrifie à son autel tout ce qui faisait le socle de la société humaine.

(Lire La Troika détruit l'environnement)