Une féministe tunisienne au-dessus de tout soupçon ?
Par Le concierge du Musée le jeudi 1 septembre 2016, 11:44 - Expositions - Lien permanent
Spéciale dédicace du Concierge à Fawzia Zouari et au féminisme au-dessus de tout soupçon de Leïla et Zin (cliquer sur l'image pour cette évocation poétique des névroses de classe d'ici et d'ailleurs)
A l'occasion de l'incendie du web à coups de Burkini par les pyromanes d'Etat pour "remplacer la question sociale par la question de l'Islam" (un vrai "remplacement"!), parmi les textes brandis comme des drapeaux de l'intolérance en guise d'arguments, celui-ci a retenu toute l'attention du Musée de l'Europe & de l'Afrique.
Jour de colère
Il y a des jours où je regrette d’être née arabe. Les jours où je me réveille devant le spectacle de gueules hirsutes prêtes à massacrer au nom d’Allah et où je m’endors avec le bruit des explosions diffusées sur fond de versets coraniques. Les jours où je regarde les cadavres joncher les rues de Bagdad ou de Beyrouth par la faute des kamikazes ; où des cheikhs manchots et aveugles s’arrogent le droit d’émettre des fatwas parce qu’ils sont pleins comme des outres de haine et de sang ; où je vois des petites filles, les unes courir protéger de leur corps leur mère qu’on lapide, et les autres revêtir la robe de mariée à l’âge de 9 ans.
Tout dans la nuance et la finesse... C'est sûr qu'il a fallu attendre les "kamikazes" pour que le sol de Bagdad soit jonché de cadavres ! Mais la Belle au Bois Dormant ne choisit pas ce dont elle rêve avant de nous le raconter en nous prenant pour le bon docteur Freud !
L'auteure, Fawzia Zouari, est une "féministe tunisienne", titulaire d'un doctorat en littérature comparée à la Sorbonne (et sans doute de la nationalité française, or tout le monde ne peut pas circuler librement entre les deux rives pour débiter en français les pires inepties dans les salons médiatiques) donc au dessus de tout soupçon. Et la "barbarie" dénoncée de l'intérieur d'une ethnie (les Arabes : la question de savoir si la bourgeoisie de ce petit pays fait de tous les brassages de la Méditerranée est "arabe" mériterait quand même d'être posée si elle n'était pas complètement absurde, au moins autant que de savoir si "les Arabes" ça existe!) met les réseaux sociaux libérateurs des autres en pâmoison.
Une petite recherche sur internet nous apprend cependant que l'impétrante héroïne de la liberté en avait une conception, qui n'a pas changé depuis manifestement - cette propagande vulgaire issue d'un certain milieu n'a guère évolué depuis le 14 janvier 2011, et toute "écrivaine" que soit l'auteure ce n'est pas l'innovation littéraire qui l'étouffe - à l'époque où elle fréquentait les salons de Leïla Trabelsi, femme de Ben Ali et "régente de Carthage".
mondafrique.com, un blog qui s'intéresse particulièrement aux arcanes des luttes de pouvoir dans la classe dirigeante algérienne, nous apprend ainsi incidemment dans un article consacré aux grandes manoeuvres de propagande et de cour dans l'audiovisuel public français que:
La Tunisie n’avait pas été oubiée. Le recrutement de Faouzia Zouari, sœur d’un certain Abderrahim, qui fut plusieurs fois ministre de Ben Ali, avait pour but de mettre à profit les bonnes relations qu’entretenait cette journaliste avec Leïla Trabelsi, dans l’espoir d’obtenir des financements via les plus généreux parmi les frères de la « régente de Carthage ». Un projet de chaîne satellitaire fut porté, sans succès, par Hafiz et Béghoura. Lesquels estimaient que la petite émission islamique n’était pas à leur mesure, ni surtout du gout de leurs puissants protecteurs.
D'ailleurs, quelques mois avant la chute de Ben Ali, l'auteure se payait des vacances au Festival de Carthage défrayées par Jeune Afrique et nous présentait un pays on ne peut plus normal où il fait bon vivre (ça dépendait pour qui mais la journaliste n'en disait rien...)
Les propagandistes de l'ère Ben Ali, exportant leur islamophobie intéressée pour faire peur aux Français et obtenir le soutien au Régime qui va bien, rempart contre la barbarie et défenseur acharné de la liberté de la femme, n'ont donc pas tardé à se recycler. Quand elles sont portées aux nues par des féministes françaises qui au lieu de se préoccuper de leur propre aliénation partent en croisade pour libérer d'autres femmes qu'elles considèrent manifestement comme des mineures, il y a peu de chance que cela rende les garçons "barbarisés" du bled (de ceux qui se faisaient violer dans les commissariats de police par un Régime célébrant les droits de la femme comme produit d'exportation) sensibles au "féminisme"...
Car tout cela est un problème de classe comme l'exprime très bien la chanson de Renaud (Canal historique)... Et "les femmes" ont aussi une position de classe. Si si !
Le Concierge
PS (sic) : Les fous furieux éventuels (et néanmoins névrosés) voudront bien laisser cette femme libre de faire son petit travail d'incitation à la guerre civile pour protéger les milliards mal acquis et s'intéresser au contrôle des média plutôt qu'au contrôle du message et du messager.. Quant aux fétichistes de la libération de la femme par écrans interposés (heureusement non encore connectés aux drones libérateurs dont d'autres s'occupent), puissent-ils ne pas transformer à coups de clics et de "j'aime" les médias sociaux en radio des 1000 collines pour le plus grand bonheur des chefs tribaux en lutte pour le pouvoir en France. Si vous "êtes le média", cherchez et vérifiez les informations, c'est pas si diificile, d'ailleurs il y a même encore quelques journalistes qui y arrivent, c'est dire !
En complément, cette chronique datant de 2012 : Vers l'Europe Ben Aliste
Lire aussi : La Contre-révolution, c'est le spectateur
dernière minute :
L'écrivaine Fawzia Zouari, lauréate du Prix des 5 continents de la francophonie 2016