Avant l’adhésion de la Grèce à la CEE (Communauté économique européenne) en 1981, les banques grecques octroyaient des prêts immobiliers à des taux d’intérêts très élevés allant jusqu’à 25%. Avec l’entrée du pays dans la CEE, ces taux ont diminué pour arriver à 16%. Puis, au moment de l’adoption de l’euro, les prêts immobiliers se sont démultipliés de manière exponentielle, permettant aux débiteurs d’emprunter jusqu’à 75% de la valeur du bien, tandis que les prêts à la consommation pouvaient couvrir les 25% restants, ouvrant ainsi les portes de l’emprunt à de plus en plus de ménages. La crise économique a néanmoins mis un terme à cette pratique et la non-solvabilité des ménages a eu des conséquences catastrophiques en ce qui concerne notamment la question du droit au logement.

C’est ainsi que la Grèce vit depuis quelques mois une vague de ventes publiques liées à des prêts non performants dits « NPL » (Non performing loans). Les NPL sont des prêts que les débiteurs ne sont plus en mesure de rembourser. En effet, une grande partie de la population a vu ses revenus chuter, voire disparaître, en quelques années, et s’est ainsi retrouvée en situation d’insolvabilité, ce qui a amené les créanciers (banques, État et acteurs privés divers) à recourir à des ventes publiques débouchant sur des expulsions. Ce phénomène a crû provoquant une crise profonde du logement entrainant la création du comité « Vente aux enchères STOP ».

Extrait de l'Interview de Filippos Filippides

N’oublions pas aussi que, sous la pression de la Troïka, l’évolution du cadre législatif (en référence aux lois votées dans la nuit du 22 au 23 juillet 2015, conditions préalables à la conclusion du troisième mémorandum |3|), n’a fait que renforcer la position des banques par rapport à celle des débiteurs. Elles ont acquis des privilèges importants notamment en matière de facilitation d’expulsion et de vente de biens immobiliers dans le cas des prêts hypothécaires non performants, mettant les ménages déjà fragilisés en position de faiblesse. Le troisième mémorandum a également introduit la possibilité d’une mise en ligne des ventes aux enchères, évitant ainsi les tribunaux de paix et la contestation qui s’y exprime, mais cette loi n’a pas encore été appliquée à cause des grandes grèves des avocats et notaires de ces derniers mois. Les débiteurs que nous défendons sont donc tous victimes, sans exception, des accords conclus par le gouvernement grec avec ses créanciers

Lire l'intégralité de l'interview parue sous le titre « Les banques et l’Etat grecs essaient de prendre nos maisons tous les mercredis au tribunal de paix » sur le site du CADTM

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