Tout va très bien madame la marquise
Par Le concierge du Musée le mercredi 15 novembre 2017, 10:43 - Quatrième nuit de Walpurgis - Lien permanent
« Tout va très bien, madame la marquise » est une chanson de 1935 qui a connu en France un grand succès en pleine crise. Elle a également été traduite en de nombreuses langues. Cette phrase est devenue une expression proverbiale pour désigner une attitude d’aveuglement face à une situation désespérée.
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Les déclarations de Mario Draghi, de Jean-Claude Junker, de Donald Trump… font penser à cette chanson. On peut les imaginer en train de participer au dialogue entre le domestique James et Madame la Marquise.
La situation du capitalisme n’est pas désespérée. Dommage, car on aimerait enterrer ce système mortifère. Par contre, différents ingrédients d’une nouvelle crise financière internationale sont en train d’être rassemblés.
Souvent, à la veille d’une crise financière, tout semble aller très bien. Certains signaux sont par exemple tout à fait trompeurs. La croissance économique semble encourageante alors qu’elle est fondée largement sur une fièvre spéculative dans certains secteurs. Les faillites sont limitées, les bilans des entreprises semblent solides. Rappelons-nous les notes triple A accordées par les agences de notation à la firme nord-américaine Enron en 2000 avant que l’entreprise ne fasse faillite, donnant le signal de départ de la crise des dotcom de 2001-2002. Rappelons les notes triple A attribuées aux produits structurés liés au marché des subprimes en 2006-2007. Souvenons-nous des déclarations rassurantes d’Alan Greenspan, directeur de la réserve fédérale des États-Unis entre 1987 et 2006, à la veille de la crise des subprimes. Il affirmait que les risques étaient tellement bien disséminés dans le système et tellement bien couverts par les CDS (Credit default swap, sortes d’assurances contre les risques de défaut de paiement) qu’aucune crise n’était en vue. Le FMI, dans son rapport annuel 2007, prétendait que tout était tranquille et que la croissance économique était solide.
La situation en 2017 fait penser à ces situations de pré-crise où tout semble être sous contrôle et pendant lesquelles les dirigeants politiques tiennent des propos rassurants et lénifiants. La situation actuelle ressemble d’une certaine manière à ce qui s’est passé en 1987. On avait connu une hausse forte des marchés boursiers et une hausse importante des obligations d’entreprises privées (les obligations d’entreprises, corporate bonds en anglais, sont des titres financiers émis par les entreprises privées pour se financer, ce sont des promesses futures de remboursement en échange de fonds).
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