Au même moment, c’est à travers l’Internet grec, d’abord local et par la suite plus ample, que les instantanées issus de l’entraînement annuel et hivernal des aspirants Sous-officiers à l'École militaire homonyme établie à Trikala (Thessalie), ont été largement et si positivement accueils par la presse ; l’entraînement a lieu chaque année dans les imposantes montagnes enneigées de la Thessalie occidentale, .

On y découvre ainsi (propagande ou pas), ces images plutôt parlantes, comme on y découvre également par la même occasion, la cérémonie de la bénédiction officielle des troupes de l'École des Sous-officiers de Trikala, faite par le Métropolite de la région . Une situation démontrant une fois de plus qu’aux yeux des Grecs (c’est-à-dire pour près du 80% des sondés à travers les enquêtes d’opinion , et cela en dépit de la propagande ambiante), les institutions auxquelles les Grecs accordent encore leur confiance, ne sont alors autres, que l’Armée (80%) et dans une moindre mesure (50%) l’Église Orthodoxe, contrairement par exemple aux partis politiques (18%).

La société grecque se lézardant, l’usurpation européiste des faits et des réalités, comme autant son l’idéologie-terminale de la postmodernité, ont d’abord et très concrètement chassé près de 700.000 Grecs de leurs foyers, les incitant et les obligeant à quitter le pays depuis 2010 (la Grèce compte près de dix millions d’habitants).

Ensuite, la guerre sociale (contre la société) sur terre brûlée de l’économie se poursuit-elle (mais alors jusqu’a quand ?), et aussitôt le carnaval (celui de la tradition) terminé, le fisc “grec” vient d’entamer une nouvelle procédure de saisie obligatoire (et en réalité confiscation, rien que par l’ampleur de la mesure), sur les biens meubles et immobiliers (coffres de banque compris), sur ce que les Grecs possèdent encore, sous prétexte de dette envers l’État. Notons que cette mesure concerne plus d’un million de personnes, autrement-dit plus du 10% de la population du pays (presse grecque de la semaine)

Au pays si beau et toutefois mourant, une partie de la population se voit désormais même rêver d’un (autre) régime... forcément fort. Car la situation “d'en bas” est alors telle, qu’au très hypothétique cas de figure, où une petite poignée de (prétendus ou pas) patriotes, qui plus est, militaires, irait confisquer le pouvoir, remplaçant par la force nos ultimes marionnettes du régime de la pseudo-démocratie (après huit années de dictature économique, institutionnalisée entre autres à travers le diktat d’un certain Eurogroupe d’ailleurs sans la moindre légitimité juridique), eh bien, dans une telle éventualité, les Grecs, dans un premier temps en tout cas, ne s’y opposeront peut-être guère. Postmodernité d’un entre-deux-guerres encore plus funeste alors réitéré ?

Et pendant qu’au Pirée, des Aubedoriens ont assailli dimanche dernier (25 février) un lieu de rencontre appartenant au milieu anarchiste causant cinq blessés , dont l’avocate de la famille de Pavlos Fyssas (musicien assassiné par les néonazis de l’Aube Dorée en septembre 2013), le grand carnaval grec des politiciens... ne finit pas d’en finir.

Lundi soir (26/02), Rania Antonopoulou, jusque là secrétaire d'État au Travail (?), a été limogée par Tsipras, quand il est apparu qu'elle avait perçu 1000 euros par mois d'indemnité logement depuis deux ans. Il faut préciser qu’elle forme avec son mari, Dimitris Papadimitríou (établi aux États-Unis depuis plus de quarante ans) et pour sa part ministre de l'Économie depuis novembre 2016, un de ces couples de nantis néogauchisants, manifestement recherchés pour compléter les (derniers ?) “gouvernements” si opératoires (et d’opérette) de l’ère métadémocratique.

Tous deux universitaires en congé du “Levy Economics Institute of Bard College” (dans l'État de New York aux États-Unis), ils ont déclaré un portefeuille de quelque 2,7 millions de dollars et un revenu annuel de plus de 450.000 dollars. Alexis Tsipras se montant agacé de cette affaire, il a congédié Rania Antonopoulou, puis, dans la nuit du 26 au 27 février, il a annoncé dans un communiqué qu'il avait également “accepté la démission” de Dimitris Papadimitríou .

Vraisemblablement dans la logique du couple parachuté en Grèce (et d’ailleurs par qui réellement ?) en plein territoire administré, cette... prime au logement servant à occuper un appartement loué à Kolonáki (le quartier chic historique d’Athènes, et pendant que les intéressés possèdent une villa dans les Cyclades), s’apparente à ces indemnités reliées aux postes et aux déplacements, habituellement proposées aux cadres dirigeants des entreprises et des autres méta-structures transnationales. D’où d’ailleurs l’embarras que Rania Antonopoulou a exprimé dès le debout de cette affaire il y a deux jours, d’où encore, la non-automaticité assumée de sa démission.

Elle a certes indiqué qu'elle n'avait fait que “bénéficier d'une loi accordant une subvention pour leur loyer aux députés et aux ministres - ‘Je n'ai jamais eu l'intention d'insulter le peuple grec’”, a-t-elle assuré dans un communiqué, cette loi avait été cependant été introduite par SYRIZA/ANEL en 2015 sans trop de publicité à son sujet, histoire d’en rajouter aux privilèges de sa caste, entre politiciens marionnettes et arrivistes. Dans sa précipitation de sauver les meubles, le “gouvernement” annonce qu’il fera rapidement abroger sa propre loi, peine comme on sait totalement perdue.

Les Grecs, à en juger déjà (et) rien que par les messages que les auditeurs adressent à chaud à leurs journaux et autres médias, et notamment les radions au matin du 27 février 2018, en sont plus que tout simplement outrés: “Nous payons pour eux, nous nous paupérisons, nous mourons pour engraisser ces salopards de SYRIZA, ces politicards en plus qui haïssent ouvertement notre patrie et autant son peuple et qui besognent uniquement au bénéfice de leur poche et à celui des puissances et institutions étrangères comme la Troïka” (Radio 90.1 FM, zone matinale, émission de Yórgos Choudalakis, 27/02, cité de mémoire). Image ainsi plutôt trouble de notre ultime monde, sauf que comme le hurlent encore certains et en plein carnaval: “Nous sommes encore vivants”.

Lorsqu’une journaliste (Radio 90.1 FM, zone matinale, émission de Yórgos Choudalakis, 27/02), a évoqué en direct le remaniement gouvernemental en gestation, ainsi que les noms probables des ministrables qui circulent, un auditeur a aussitôt réagi formulant toute sa colère à travers son message lu en direct: “Nous en avons assez de tout cela, ces noms et les ministres ne font plus parte de notre vie, de tout ce que nous endurons, de tout ce dont nos mentalités et représentations sont désormais fabriquées au quotidien. Leur monde n'est plus du tout le nôtre. Arrêtez d’en parler, basta !”.

Temps carnavalesques, temps lourds, temps supposés morts. Mon ami Th. va de mal en pis, sans travail depuis des années et sans espoir d’en trouver car le travail n’existera plus, ou sinon, à travers la généralisation fulgurante des salaires de 327€ par mois pour déjà les 636.000 employés (sur deux millions que compte le pays) en temps (théoriquement partiel), d’après les chiffres officiels , le tout, sous le ministère du Travail de Rania Antonopoulou entre autres.

Extrait de l'article de Panagiotis Grigoriou paru sous le titre "Carnaval" sur son blog Greekcrisis