Nous diffusons ce texte tel qu'il a été publié, malgré les maladresses originelles de traduction (Le Concierge)

Il y a trois mois de cela que nous, enseignant-chercheurs et universitaires, professionnels du secteur informel, musulmans et non musulmans de diverses nationalités résidents au Brésil, accompagnons attentivement la procédure d’accusation du Prof. Tariq Ramadan.

Par la présente lettre ouverte, nous venons exprimer notre soutient à un des meileurs penseurs musulmans.

Détenu par la justice française depuis le 2 février, Tariq Ramadan qui s’est présenté spontanément vit une condamnation sans jugement.

Il n’est nullement question pour nous de nous attribuer quelque mérite que ce soit, qu’il soit coupable ou innocent. Ce qui nous revient à considérer en tant que citoyens est la présomption d’innocence qui ne lui a pas été conférée.

Nous qui accompagnons ses textes et discours publics, réitérons son engagement vis à vis des causes humanitaires.

Nous soulignons ses discours contre l’islamophobie, le terrorisme et les gouvernants corrompus (que ce soit ceux de pays arabe ou non) d’Europe ou d’autres continents.

Tariq Ramadan est un des grands penseurs de l’Islam Réformiste qui constitue une fine pensée portant sur le changement des coeurs et mentalités des musulmans. Son point de départ est l’éthique islamique (Akhlaq) à travers plusieurs champs du savoir.

Dans son livre Mon intime conviction, il réitère l’importance que les musulmans étudient dans les mêmes écoles que les non musulmans et non qu’ils construisent un monde à part.

En considérant ses préoccupations humanitaires et sa pensée, il nous revient de nous poser la question de savoir : à qui profite la prison du Prof. Tariq Ramadan ?

À ses supposées victimes ou aux politiques et idéologues xénophobes et islamophobes ? Avec l’idée de préserver une certaine pensée homogène, ils retirent les voiles des jeunes, régulent les espaces de prière et maintenant, en faveur de la ‘’sécurité’’ des femmes, on incarcère un professeur qui, il y a des années de cela, se dédie à l’enseignement et a dans sa longue carrière académique bien d’étudiantes dont plusieurs d’entre elles ainsi que d’ex-étudiantes et collègues qui l’appuient en ce moment.

Nous réitérons l’importance de considérer la présomption d’innocence de l’accusé de même qu’un jugement impartial, la préservation de sa santé physique et psycologique, en tenant en compte qu’il s’agit d’un patient souffrant de multiples scléroses à qui l’on a interdit depuis presque un mois de cela tout contact physique ou téléphonique avec sa famille.

Les visites lui ont été refusées même quand il s’est trouvé hospitalisé, ce qui démontre la violation des droits fondamentaux de la personne ainsi que la prison, l’isolement et la restriction de communication par courrier.

Tous ces traitements sont à questionner du point de vue des droits humains.

Signataires

Francirosy Campos Barbosa, Université de São Paulo (USP/RP)

Denise Dias Barros, Université de São Paulo et Casa Das Áfricas-Amanar

Mahfouz Ag Adnane, PUC- SP, Casa das Áfricas Amanar.

Idrissa Deme - Master en Météorologie et étudiant musulman résident au Brésil

Beatriz Barbosa Cezar, journaliste DRT MT 1341

Marcos Tenório, activiste pour les Droits Humains et pour la paix et directeur de Cebrapaz

Carlos Eduardo de Castro e Silva Carreira, avocat, étudiant en Master et chercheur de USP

Sylvia Caiuby Novaes, Université de São Paulo

Izabella Souza H. Rodrigues – Étudiante (Unifesp)

Moustafa Assem, Médecin chirurgien dentiste.

Cláudia Almeida de Souza- professeure

Jihad Jamal Elllakkis Mouallem – médecin Cardiologiste. Médecine Générale de la préfecture de la Commune de São Paulo

Association Islamique de São Paulo - Freguesia do Ó/SP

Mohamed Kadri, président de l'association islamique de São Paulo, auton

Pedro Paulo Pereira, Unifesp – Santé Collective

Pingréwaoga Béma Abdoul Hadi Savadogo – Socioanthropologue, Université Fédérale de Rio Grande do Norte et Casa das Áfricas-Amanar

Ali Mazloum, Juge fédéral, professeur de droit constitutionnel et des droits de l'homme

Ana Escaleira, Médicin Vétérinaire et internationaliste

Antônio Sérgio Santos Rabello. Avocat. OAB/MG 108. 532

Andrew Traumann, Historien

Felipe Freitas de Souza, Pédagogue

Elisabeth Spinelli de Oliveira, Université de São Paulo (USP)

Shadia Husseini de Araújo, Université de Brasilia (UnB)

Aline Sobral . Professeure

Samir Osman Isbelle, étudiant en génie chimique par Universidade Federal Fluminense (UFF)

Bobby Johnson, cheikh imam de la mosquée Anhangabau

Layla Mohamed El Mouallem, psychiatre résident - Unifesp.

Anwar Mohamed El Mouallem, Médecin résident Gynécologie et Obstétrique- Unifesp

Mohamed Nabil Mouallem, ingénieur chimiste.

Giovane Alves Nunes - Avocat. Directeur Juridique d'ANAJI - Association Nationale des Juristes Islamiques.

Reginaldo Nasser, PUC (Université Catholique Ponticale)

Moustafa El-Guindy, professeur Unicamp, avocat

Wellington Soares, Assistant medical.


"Nous qui accompagnons ses textes et discours publics, réitérons son engagement vis à vis des causes humanitaires"

RamadanGeniedeIslam.png Cliquer sur l'image pour écouter l'émission d'où est issue la citation ci-dessous

« (L’Etat d‘urgence) donne au pouvoir aujourd’hui administratif, à l’Etat, des latitudes qui dépassent tout contrôle judiciaire. Et ça c’est un vrai problème. Mais je ne suis pas le seul à le dire. Les Magistrats de ce pays sont en train de dire « Attention, où allons-nous ? » Et nous l’avons déjà vécu, nous avons vu les dégâts du Patriot Act aux Etats-Unis. Nous avons des gens qui sont en prison, ils n’ont rien fait, il y a des gens qui sont assignés à résidence, ici, en France, ils n’ont rien fait. Donc cette atmosphère de suspicion, l’état d’urgence qu’on prolonge - et on se demande bien pourquoi - est en train d’alimenter une atmosphère… Et c’est là, vous me posiez la question « qui est responsable ? », c’est là la co-responsabilité… Aujourd’hui, j’attends des gouvernements européens, aux premiers rangs desquels le Gouvernement français ou le gouvernement belge qu’ils comprennent que leurs concitoyens de confession musulmane sont des partenaires pour des solutions, et non pas des suspects pour entretenir un climat de peur…. »

Et il nous semble bien qu'un Procureur anti-terroriste ait innové en utilisant l'arbitraire de la détention provisoire contre un "suspect"... qui ne doit surtout pas être "un partenaire" pour "entretenir un climat de peur" susceptible de conduire à la destruction des Libertés publiques (liées à une "civilisation")... Dans tous les cas, c'est ce qui se produit en pratique depuis le 13 novembre 2015... Ceux qui se mobilisèrent immédiatement à l'époque contre cet état d'urgence, inscrit désormais dans le droit commun, et qui pourrait bien contaminer la procédure pénale "régulière" par le biais de la coutume (barbare), feraient bien d'y penser... (Le Concierge)