Disposer de notre corps, mais pas de notre pays ni de notre régime politique ?
Par Le concierge du Musée le jeudi 15 mars 2018, 11:05 - Quatrième nuit de Walpurgis - Lien permanent
illus. Greek Crisis
(...) ces derniers jours, nous avons vu apparaître dans Athènes certains tracts au message... clair: “Mort à la Grèce, pour que nous, nous puissions vivre, au Diable la famille et au Diable la Patrie”. Et dans un... nouvel ordre d’idées, en somme proches, on y découvre sur ce mêmes murs d’Athènes, cet autre message inévitablement méta-moderne... à propos de l’usage de notre “corps notre choix”.
Il y a même lieu de remarquer que le message en question se combine en six langues, sauf qu’il fait totalement et visiblement volontairement l’impasse sur la... langue du pays. Pourtant à Athènes on parle... encore le grec ! C’est bien connu, la mondialisation c’est l’amour des autres patries, tout comme l’adulation de toute altérité réelle ou supposée telle, et en même temps, la haine, ou sinon le rejet de l’identité.
Dans un tel monde... on disposerait peut-être de notre corps... ainsi notre seul et ultime choix, mais certainement pas de notre pays, ni de notre régime politique, et encore moins des droits et des devoirs. Et tous ces “libres corps” du lendemain des humains, découvriront peut-être un jour, qu’ils ne seront même plus jugés indispensables pour demeurer vivants, ni pour produire et encore moins pour consommer, le tout, et j’espère me tromper, face à un métanthropisme galopant comme autant face à son “humanité” augmentée... réservée aux “élus”.
Incidemment, toute cette dichotomie et comme par hasard, elle laisse la porte ouverte aux tenants du discours diamétralement opposé, lequel incite à n’accepter en l’adulant que tout ce qui relève de sa propre identité, haïssant toutes les autres. Le système tient et tiendra ainsi bon lorsqu’il suggère qu’entre le nihilisme apatride et celui des néonazis, aucune autre position n’est alors possible. Pauvres peuples, et ainsi futur unique des... fortunés.
Les frontières ne seraient donc plus, ni pour les marchandises, ni pour les flux financiers, ni entre les êtres, les cultures, les sexes, voire même entre les espèces. Une affiche publicitaire, pédophile et zoophile à la fois, ainsi aperçue car d’abord autorisée à figurer dans les couloirs du métro parisien, a tout de même heurté le bon sens, et autant cette... mesure qui pour certains philosophes, anciens comme contemporains, c’est la meilleure des choses.
L’hybris et la démesure visiblement dominent de Paris à Athènes, sauf que le sentiment identitaire par exemple celui des Grecs est toujours tangible, représentant en réalité plus du 80% de la population à travers les mentalités, en dépit des cercles des marionnettes qui gouvernent comme de leur magma athénocentrique en somme concis. Pauvres philosophes, entre autres d’Apamée. Car aussi par les temps qui courent, et à vol d’oiseau, rappelons qu’entre Apamée et Athènes il y a moins de 1.200 km, tandis qu’entre Athènes et Paris il y a le double de distance.
Sous le soleil alors, c’est à Athènes que l’œuvre d’Héraclite est en ce moment revisitée à travers un spectacle du même nom. Au même moment, la déferlante des plateformes dites communautaires payantes de location et de réservation de logements, conjuguée à huit années de Troïkanisme réellement existant, bouleversent de manière violente la situation de l’immobilier sur place. Car jamais autant de biens immobiliers n’avaient ainsi changé de mains à Athènes... depuis la précédente Occupation allemande, celle des années 1940.
Des... investisseurs petits, moyens et grands, surtout étrangers, achètent dans Athènes parfois par lots de cent appartements, et en même temps, la Troïka élargie a insisté pour que les saisies des biens des Grecs puissent se concrétiser de manière électronique et automatique. Dans le même ordre d’idées, le “gouvernement” des Tsiprosaures annonce ainsi plus d’un million de saisies de biens immobiliers et autres, rien que pour 2018.
Il faut dire qu’a propos des dernières liquidations et ventes aux enchères après saisie de biens immobiliers, encore effectuées de manière “physique”, c’est-à-dire en salle d’audience, le Syndicat des Officiers de la Police vient de lancer une attaque inhabituelle car très violente, vis-à-vis du gouvernement. Son communiqué avait été motivé par le fait que de nombreux policiers avaient été blessés lors des ventes aux enchères de ce type, surtout à Athènes devenant ainsi la cible visible et facile pour les citoyens concernés et paupérisés.
Les policiers y concluent même de la manière suivante: “Puisqu'ils ne nous respectent pas, le temps est arrivé où il va falloir nous craindre. Car au fait, ce sont bien les politiques mémorandaires qui se dissimulent derrière nos propres boucliers, et voilà que nous ne voulons plus défendre de tels procédures, lesquelles conduisent à la spoliation des biens des citoyens (...) Nous avertissons les politiques que ce mouvement au sein de la Police, au demeurant massif, annulera de fait cette attitude qui consiste à faire peser les effets de la responsabilité de telles politiques sur nos seules épaules, et enfin une fois de plus, nous rappelons que nous sommes non seulement considérés tels, mais nous faisons partie intégrante de la société réelle”, le reportage est du quotidien “Kathimeriní” du 12 mars 2018
Lire l'article de Panagiotis Grigoriou paru sous le titre "Résister" sur son blog Greek Crisis