Le 27 février 2015 à Athènes, Varoufakis fait acte d’allégeance à la Commission européenne, au FMI et à la BCE
Par Le concierge du Musée le samedi 24 mars 2018, 10:16 - Quatrième nuit de Walpurgis - Lien permanent
Un moment critique aux conséquences incalculables pour des millions de citoyens d'Europe indirectement soumis à la Troïka, ses agents Smith locaux se présentant désormais à la porte de tous les institutions et établissements publics ou subsidiés pour imposer leurs "normes de qualité"... Satan conduit le bal (Le Concierge)
Après avoir relaté le déroulement de l’Eurogroupe du 24 février lors duquel il a présenté ses mesures à mettre en place dans le cadre du mémorandum plutôt que d’enclencher des mesures unilatérales, Varoufakis ajoute dans son récit : « Les erreurs sont comme les crimes, elles en engendrent d’autres. La décision de ne pas débrancher la téléconférence du 24 février a été amplifiée par une erreur encore plus grave, commise quelques jours plus tard. »
Par l’intermédiaire du bureau du président de l’Eurogroupe, le 25 février, Varoufakis est sommé par la Commission européenne, le FMI et la BCE de faire acte d’allégeance. La Troïka veut que le gouvernement grec envoie une lettre officielle pour confirmer l’accord que Varoufakis a donné la veille lors de la conférence de l’Eurogroupe. Après de nombreuses hésitations, il accepte de signer la lettre pro-forma que la Troïka a préparée. « Accepter la lettre des créanciers sans corrections, pour une demande aussi essentielle, signifiait que la prolongation nous serait accordée non pas suivant nos termes, mais suivant ceux de la Troïka. » Varoufakis reconnaît l’extrême gravité de la décision à prendre. Signer la lettre pro-forma revient à prolonger le mémorandum en cours et à le faire selon les termes dictés et imposés par la Troïka.
Varoufakis admet que la lettre était tellement inacceptable que Tsipras considérait qu’il était impensable de la signer et de la communiquer au parlement.
Varoufakis lui dit : « – Tu es sûr que tu ne peux pas arriver au Parlement, dire ce qu’il en est, obtenir le vote qui m’autoriserait à signer et tourner la page ? »
Varoufakis précise : « Découragé, épuisé, Alexis s’est retourné vers Sagias qui avait l’air aussi exténué et lui a conseillé de ne pas y aller. »
Varoufakis se propose pour faire le sale boulot : « – Dans ce cas-là, Alexis, je prends sur moi la responsabilité. Je signe ce maudit courrier sans l’aval du Parlement, je l’envoie aux bailleurs de fonds et je passe à autre chose. »
Varoufakis précise que le 27 février au petit matin : « J’ai signé le courrier et je l’ai envoyé aux créanciers, passablement écœuré. C’était un fruit des ténèbres, et je reconnais qu’il m’appartient. »
Extrait de l'article d'Eric Toussaint, paru sous le titre "La première capitulation de Varoufakis-Tsipras fin février 2015", 7ème volet de la série "Le témoignage de Yanis Varoufakis : accablant pour lui-même", à lire en intégralité sur le site du CADTM