Georges Brassens parle de la "male langue"
Par Le concierge du Musée le dimanche 1 avril 2018, 14:26 - Bibliothèque - Lien permanent
Cliquer sur l'image pour voir cette archive INA
Une langue c'est une convention, on doit jouer avec, on doit s'en servir... Il faut essayer de connaître l'orthographe...
A cette époque-là, un analphabète créait tous les jours. Il était obligé de se forger un peu sa langue. A force de la forger à la fréquentation de ses copains. Si trois ou quatre types étaient un peu doués dans un village, ils arrivaient à créer une espèce de langage avec des expressions d'ailleurs très particulières à ce village, qui petit à petit ont disparu... Maintenant on n'en a plus besoin de ça, on n'en a plus besoin de ces expressions, puisqu'il suffit d'aller à l'école, de sucer ce truc avec le... avec l'enseignement obligatoire pour avoir la langue... Alors on la cherche pas, quand on n'a pas besois de quelque chose... Quand un outil existe déjà, on s'en fabrique pas un... Et souvent l'outil qu'on se serait fabriquer il irait plus loin, il travaillerait mieux que l'autre, celui qu'on donne tout fait...
Parce qu'autre fois, il y avait des foyers un peu partout... La langue naissait un peu partout... Et puis il arrivait un jour où des gens plus universels prenaient toutes ces petites choses qui émanaient du public de Sète, du public d'Alès, du public de Paris, du public de Lille... Pour en faire quelque chose. Mais aujourd'hui avec les moyens dont on dispose pour universaliser la chose, ça va être comme les maisons; Bientôt à Sète on parlera exactement comme on parle aux informations, quoi. Par la force des choses... Puisque les gens passent plus de temps maintenant à écouter la télévision ou la radio qu'à écouter leurs voisins... Alors les gens parlent comme on parle aux informations, comme on parle aux informations... Je ne pense pas qu'une langue populaire riche puisse naitre maintenant... Parce que immdiatement quand une expression plait, elle plaît à tout le monde, et tout le monde l'adopte et tout le monde l'emploie. Tu as entendu fréquemment des gens employer les mots qu'ils avaient entendus la velle au cours d'une émission ou dans une information radio-diffusée. Autrefois la langue se faisait comme ça, on faisait un mot, et ça devenait pas universel, c'était très local... La langue était encore en pleine formation, il n'y a pas si longtemps de ça, avant l'invention de ces machines diaboliques... Elle était encore en pleine formation... Puisque tu fais allusion à des expressions que tu as entendues à Alès et qu'on n'emploie sûrement de moins en moins aujourd'hui... Même les accents vont forcément disparaître...
Don au Musée de Nadine Abril