Notons enfin que la dernière trouvaille en matière de loi mémorandaire de la part du “gouvernement”, avait été ce projet présenté au “Parlement” en matière d’animaux desposés (ayant un maître) et adespotes (sans maître). Ce projet a été finalement retiré, car il a suscité l’indignation générale, et particulièrement celle des associations lesquelles œuvrent en faveur des animaux adespotes. D’ailleurs et abord cette loi instaurait une taxe liée à la possession d’animaux domestiques, ainsi qu’une forme de... TVA animalière, pour chaque produit acheté au sein d’une boutique commercialisant des articles pour animaux, en plus de la TVA... très humaine à hauteur déjà de 24%.

Ensuite, par cette législation, et par ses dispositions explicites, que toute action l'action en faveur du bien-être animal de la part des citoyens et des associations puisse devenir interdite. En particulier, le sauvetage, le fait de nourrir, la stérilisation des animaux adespotes, ainsi que les efforts de la part des citoyens ou des associations fin de trouver un foyer à ces animaux, seraient dorénavant des actes illégaux.

En réalité, c’est même l’essentiel du travail des associations œuvrant pour la protection des animaux qui deviendrait interdit, en limitant considérablement leur champ d’intervention, quitte à les faire disparaître. Ainsi, tout citoyen ou toute association qui enfreindrait la loi en portant secours, hébergeant ou en sauvant un animal adespote, commettrait ainsi un acte passible d'une amende de 5 à 15 mille euros et d'un an d'emprisonnement, comme l’ont souligné les nombreux reportages de la presse ces deux dernières semaines à l’instar du quotidien “Kathimeriní”.

Ce projet de loi a été certes retiré, mais à l’avis de nombreux observateurs des faits et gestes bien grecs, ce n’est qu’une reculade d’urgence “de la part des salopards et autant marionnettes qui sont au gouvernement”, aux dires même de certains journalistes, à l’instar de ceux de la zone matinale sur la radio 90.1 FM en Attique. La presse aura surtout remarqué le caractère lamentablement aberrent d’une telle législation, ainsi que sa spécificité très comptable, rien que par l’instauration d’une taxe de plus, laquelle se rajouterait aux 37 nouvelles taxes rajoutées depuis 2010.

Il y a pire pourtant. Cette loi, à mon humble avis, elle aurait été très probablement rédigée, d’abord au sein d’un “cabinet d'experts internationaux” à l’instar du 95% de la “législation grecque” depuis 2010, laquelle est comme on sait... importée par mail, pour ensuite être traduite à la hâte pour les besoins de la supposée “procédure parlementaire”.

Ce que la presse n’a pas vu, ou qu’elle n’a pas voulu voir, c’est toute la mutation anthropologique violente que cette même loi avait tenté d’imposer, à savoir, et très exactement, la disparition des animaux adespotes, et par la même occasion, la destruction du lien très puissant qu’alors entretiennent avec eux les Grecs, ce qui n’est d’ailleurs pas qu’une spécificité grecque, il y a qu’à observer par exemple le lien analogue qu’entretiennent nos voisins Turcs avec leurs chats, entre autres à Constantinople, et cela jusqu’à en faire un beau film.

En somme, une telle législation a surtout pour vocation que de briser l’un des derniers ressorts culturels, voire existentiels encore subsistant chez les Grecs. Car au-delà du génocide économique et de la dépossession des biens, des symboles et des affects liés à ce que les Grecs considèrent très exactement comme relevant de leur patrie, “notre” tournure de mondialisation techno-féodale, imposerait pour autant, si elle y arrive, un tel méta-monde, où tout “contact” entre humains et également entre humains et animaux, passerait obligatoirement par la “création” numérique.

Nous en rajoutons déjà... en termes de méthode aux guerres de jadis, comme aux cuirassiers d’il y a un siècle, transformés en musées. Ainsi, le métanthropisme, le transhumanisme, leur supposée réalité augmentée, nous réduiraient et nous conduiraient de toute évidence... à “évoluer” finalement dans un monde azootique, aseptisé, desposé, donc déjà mort. En somme, c’est la “vie” dans un univers concentrationnaire quasi-planétaire, donnant ainsi raison à Günter Anders, lequel avait comme on sait considéré et analysé bien tôt, cette... “Obsolescence de l'Homme”.

Comme il est aussi observé ailleurs au sujet de son œuvre, “le titre de ‘L’Obsolescence de l’homme’ indique déjà qu’il y a quelque chose de périmé en l’homme, quelque chose hors sujet, à savoir son humanité. L’homme perd ses caractéristiques qui constituaient en propre son humanité: la liberté, la responsabilité, la capacité d’agir, la capacité à se faire être. En utilisant ces concepts, nous parlons le langage et la réalité d’un autre temps. Tout se passe comme si l’être de l’homme relevait aujourd’hui d’une nature morte.”

Je rajouterai seulement que cette nature morte, ce serait autant celle des animaux, et qu’en Grèce en ce moment, c’est très précisément un “gouvernement” de... gauche sous l’arriviste Alexis Tsipras qui de fait, il agit en faveur de l’avènement de ce monde alors fondamentalement morbide.

Extrait de l'article de Panagiotis Grigoriou paru sous le titre "Résurrection" sur son blog Greek Crisis