Comment l'idéologie identitaire fait perdre à la gauche occidentale son identité collective
Par Le concierge du Musée le jeudi 9 août 2018, 19:47 - Burlonisme - Lien permanent
Depuis la fin du 20ème siècle, une tendance idéologique libérale1 s'est implantée au sein de la gauche petite-bourgeoise (du moins en Occident) qui prétend abolir la conscience de classe au profit d'identités multiples basées sur le genre, la sexualité, la race, la religion ou tout autre facteur de division communautaire, étranger aux rapports sociaux de production subis par tous. Chaque sous-groupe, de plus en plus dissocié de tous les autres, se concentre sur la forme spécifique d'identité qu'il juge partager en propre, ne considère que les expériences individuelles de ses membres et donne la priorité à sa seule autonomisation. Toute personne extérieure à ce sous-groupe auto-centré est au mieux rétrogradée au rang « d'allié ».
Au moment de la rédaction de cet article, il y aurait semble-t-il plus de 70 options différentes en matière de genre en Occident, sans parler des « préférences sexuelles » déjà dénombrées - l'acronyme LGBT traditionnel s'est déjà, à ce jour, étendu à LGBTQQIP2SAA . L'ajout des races à cet agrégat, entraîne un nombre encore plus grand de permutations ou d'identités possibles, des « choix multiples ». Chaque sous-groupe a sa propre idéologie et ils en arrivent à consacrer l'essentiel de leur temps à se confronter entre eux, suscitant une forme d’émulation qui tourne principalement autour du degré d’oppression4 subi par chaque « communauté » et permet de disqualifier celles jugées les moins opprimées en leur enjoignant de «vérifier leurs privilèges», tandis que se rejoue continuellement le classement des «Olympiades de l'oppression».
Les règles de ce sport sont aussi mouvantes et confuses que les identités qui s'y confrontent. L'un des derniers dilemmes qui angoissent actuellement ce mouvement politique identitaire est la question de savoir si les hommes en transition vers la féminité méritent d'être reconnus et acceptés ou si les femmes trans ne sont pas des femmes et apparemment « violeraient »... des lesbiennes.
Lire l'article de Tomasz Pierscionek republié sur le site de la Librairie Tropiques