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Graeme Allwright a eu 92 ans le 7 novembre 2018. Né à Wellington en Nouvelle-Zélande, il a arpenté bien des estrades et soutenu bien des causes nobles.

Des célébrités meurent. La presse nous inonde d’éloges posthumes. Et comme les œuvres des défunts me laissent indifférent, je conserve le recul pour songer à cette bizarrerie. Tous ces éloges ! Mais pourquoi des éloges posthumes ? C’est aux vivants que l’on a envie de dire des mots de sympathie, de tendresse, d’amour.

Et voilà comment des éloges posthumes trop appuyés m’ont donné l’envie de dire mon amitié, non devant des cercueils, mais à des vivants âgés qui m’ont marqué mon chemin d’une pierre blanche. Après une série pour dire ma vive sympathie à Gilles Vigneault, voici depuis quelques temps, en bas de mes bafouilles, une nouvelle série pour exprimer cette même sympathie à Graeme Allwright.

Graeme avait chanté toute la nuit – oui, vraiment toute la nuit, ce n’est pas une figure de style ! – lors d’une manif estivale sur le plateau du Larzac. Il avait commencé après les autres chanteurs, vers minuit, et n’a cessé de chanter que vers les huit ou neuf heures du matin. Les paysans du Larzac s’en souviennent encore.

Tu sais, les paysans ont l’habitude de bosser sans regarder leur montre. On n’arrête que lorsqu’on a fini le champ, rentré la moisson ou terminé la couvraille. Alors, voir ce gars, un artiste, un chanteur guitariste, bref un branleur aux yeux de gens qui bossent dur, un gars qui ne lâche pas la patate de toute la nuit, ça les a marqués. Les paysans du Larzac n’ont jamais oublié et l’été, au marché paysan de Montredon, ils te parlent encore de cette nuit avec Graeme Allwright.

Ce n’est pas un détail. Voir un gars sortir ses tripes une nuit entière sur une scène bricolée, ça te met le moral au grand beau pour longtemps. Tu te dis que tu vas gagner parce que, si des gens qui viennent du bout du monde sont capables de ça, ta cause en vaut vraiment la peine et ne peut pas sombrer. Tu vas gagner !

Combien de cœurs dans combien de soirées Graeme Allwright a-t-il ainsi revigorés ?

En s’adressant à un accordéoniste amateur-président de la République, Valéry Giscard dit d’Estaing, à Anne (Anne-Aymone Marie Josèphe Christiane Sauvage de Brantes) son épouse, à Valérie-Anne leur fille, Graeme Allwright le néo-zélandais chante en bossa nova brésilienne “Larzac 75”.

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