Rien que près de la date du 4 avril, et de la mémoire du suicide historique et politique de Dimítris Christoúlas, j’ai pu remarquer à travers la presse régionale, qu’un homme de 80 ans s’est pendu à Andritsaina dans le Péloponnèse, presse locale de Patras. Ou à Elatia en Grèce Centrale, un homme de 35 ans s’est également pendu, presse locale, puis le 31 mars un homme de 54 ans s’est suicidé faisant usage de son fusil de chasse sur l’île de Zante, presse locale, ou le 21 mars, un homme qui s’est suicidé de la même manière à Agrínio en Grèce de l’Ouest, presse locale, ensuite un adolescent de 16 ans qui s’est suicidé à Siteía en Crète, presse locale, enfin, cette femme de 52 ans qui s’est suicidée en se jetant de son balcon du 5ème étage à Patras, presse locale. Le... nombre y est, Charon est on dirait de la “fête”.

Au pays réel et non pas celui des politiciens, on peut certes boire son café sous le soleil à Athènes ou s’y balader devant les boutiques fermées, comme on peut autant disparaître, soleil d’ailleurs ou pas... par suppression volontaire et autant autodestructrice. En même temps et c’est aussi une forme de réaction, des monastères et notamment ceux du Mont Athos, inaugurent alors églises et locaux en ville, pour que leurs moines puissent rencontrer les fidèles en ville, de plus en nombreux. On dirait que le petit peuple s’accroche comme il le peut, là où il peut.

L’analyse de Christophe Guilluy est d’ailleurs pertinente. “Pour la première fois dans l’Histoire, les catégories modestes ne vivent plus là où se crée l’emploi. Du fait de la division internationale du travail et de la polarisation de l’emploi, il était logique que la classe moyenne, la classe majoritaire, implose. Les conséquences culturelles et politiques sont gigantesques.”

“Notre modèle ne fait plus société, n’intègre pas le plus grand nombre. Comment combiner un modèle mondialisé avec une volonté d’intégrer économiquement tous les territoires? Soyons clairs: même si ces territoires créaient de l’emploi, çà ne changerait pas grand-chose en ce qui concerne le PIB. En revanche, d’un point de vue culturel, ça change tout. Il y a un décalage flagrant avec l’élite, auquel s’ajoute un mépris de classe”, presse belge entre autres.

Ainsi, à travers Athènes... en large, c’est l’irruption de la métropolisation mais alors violente. La classe moyenne fut défaite en un temps record, autant que sa société grecque, le tout précédé d’une forme de viol qui n’est pas que symbolique. La relative gestion du futur lui a été retirée, autant que celle de la petite mais très large propriété foncière, la seule assurance réelle des Grecs devant les aléas finalement visibles de la globalisation. Les projets pharaoniques en Attique, dont celui du Grand Pirée, mené entre autres par le géant chinois COSCO en disent bien long sur les suites illogiques en cours.

Extrait de l'article de Panagiotis Grigoriou paru sous le titre " Refaire société " sur son blog Greek Crisis