Finalement, Baraitser s’est tournée vers Julian et lui a ordonné de se lever et lui a demandé s’il avait compris. Il a répondu par la négative, et a dit qu’il n’arrivait pas à réfléchir, et a donné toutes les apparences d’une personne désorientée. Puis il a semblé retrouver une force intérieure, se redressa un peu et a dit :

« Je ne comprends pas en quoi ce processus est équitable. Cette superpuissance a eu 10 ans pour se préparer et je ne peux même pas accéder à mes écrits. Il est très difficile, là où je suis, de faire quoi que ce soit. Ces gens ont des ressources illimitées. »

L’effort semblait alors devenir trop important, sa voix a faibli et il est devenu de plus en plus confus et incohérent. Il a parlé de lanceurs d’alerte et d’éditeurs étiquetés comme ennemis du peuple, puis il a parlé du vol de l’ADN de ses enfants et de l’espionnage dont il a fait l’objet lors de ses rencontres avec son psychologue. Je ne dis pas que Julian avait tort sur ces points, mais il n’a pas été en mesure de les formuler correctement. Il n’était manifestement pas lui-même, très malade et c’était terriblement douloureux à regarder. Baraitser n’a montré aucune sympathie et n’a pas paru s’en soucier. Elle a sèchement fait remarquer que s’il ne comprenait pas ce qui s’était passé, ses avocats pouvaient lui expliquer, puis elle est sortie de la salle.

Toute cette expérience fut profondément bouleversante. Il était très clair qu’il n’y avait aucune véritable considération juridique en l’espèce. Ce à quoi nous avons assisté, c’est une démonstration ouverte du pouvoir de l’État et une dictée ouverte des procédures par les Américains. Julian était dans une boîte derrière une vitre blindée, et moi et la trentaine d’autres membres du public présents étions entassés dans une autre boîte derrière une autre vitre blindée. Je ne sais pas s’il pouvait me voir ou voir ses autres amis au tribunal, ou s’il était capable de reconnaître quelqu’un. Il n’en a donné aucun signe.

A Belmarsh, il est maintenu en isolement 23 heures par jour. Il a le droit de faire de l’exercice pendant 45 minutes. S’il doit être déplacé, ils évacuent les couloirs avant son passage et ferment toutes les portes des cellules pour s’assurer qu’il n’a aucun contact avec un autre prisonnier en dehors de la courte période d’exercice strictement supervisé. Il n’y a aucune justification possible pour que ce régime inhumain, utilisé contre les grands terroristes, soit imposé à un éditeur en détention préventive.

J’ai couvert et protesté pendant des années contre les pouvoirs de plus en plus autoritaires de l’État britannique, mais le fait que les abus les plus flagrants puissent se faire aussi ouvertement est toujours un choc. La campagne de diabolisation et de déshumanisation contre Julian, basée sur les mensonges, les uns après les autres, du gouvernement et des médias a conduit à une situation où il peut être lentement tué sous les yeux du public, et accusé de publier la vérité sur les méfaits du gouvernement, sans recevoir aucune aide de la société "libérale".

Si Julian n’est pas libéré sous peu, il sera détruit. S’ils réussissent, qui sera le suivant ?

Craig Murray ex-ambassadeur de la Grande-Bretagne

Bonus !

Unes de Mediapart des 21, 22 et 23 octobre

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mediapart2310.PNG Collections du Musée de l'Europe

Bonus 2

mediapart25_0.PNG Une du 25/10/219...

assangemediapart.PNG Une du 12 avril 2019...

Pour rappel... d'investigation...

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