Permanence de la révolution
Par Le concierge du Musée le mardi 2 juin 2015, 16:11 - Tunisie - Lien permanent
Nulle part nous n’avons assisté à une victoire nette de la réaction et à un retournement de la situation tant à l’échelle régionale qu’à l’échelle continentale.
En Égypte, le maréchal Sissi a reculé devant les formidables mobilisations des bastions ouvriers et de certaines couches salariées de la fonction publique.
En Tunisie, nous n’avons pas vu non plus une défaite de l’ensemble de la classe travailleuse, même si les différentes augmentations de salaires obtenues grâce aux milliers de grèves qui ont éclaté durant les années 2011, 2012 voir 2013, ont été grignotées par une inflation organisée et une dévaluation de la monnaie nationale qui sont les deux armes dont dispose la bourgeoisie pour récupérer d’une main ce qu’elle cède de l’autre en période de forte mobilisation.
Nous avons assisté aussi à un phénomène de fuite de capitaux et un début de délocalisation de « patrons voyous », tunisiens et étrangers, (plus d’un milliers) visant à faire payer aux travailleurs leurs « indiscipline » et leur « entêtement ».
« Courant chaud » de la révolution *
Durant ces quatre premières années, ce que l’on peut retenir, c’est d’abord et avant tout que nous sommes toujours dans le « courant chaud » de la révolution.
La formidable mobilisation des masses populaires et de la jeunesse a fini par « dégager » le Ben Ali du Burkina Faso : Blaise Campaoré, l’assassin de Thomas Sankara, durant l’année 2014.
En Grèce, Syrisa (le « Front Populaire » grec) qui ne s’est jamais compromis dans une alliance avec un « Bajbouj » grec, vient d’emporter les élections législatives, suite à la crise institutionnelle due à l’incapacité de la droite grecque de constituer une large alliance de gouvernement.
En Espagne, Podemos vient de bousculer le train train institutionnel et bientôt au Portugal, voir en Irlande, les gauches radicales peuvent réitérer l’exploit.
Avec la chute vertigineuse du prix du baril de pétrole (moins de 60 dollars le baril), les généraux algériens qui avaient des prétentions de remettre de l’ordre chez leurs voisins tunisien et libyen en intervenant directement dans leurs affaires (soutien à Haftar en Libye et alimentation des filières « terroristes » en Tunisie dans la bonne tradition des GIA de la décade sanglante en Algérie) ; en sont à réviser leurs stratégies : la poudrière algérienne calmée à coups de distribution d’une partie de la rente pétrolière est sur le point d’exploser, à nouveau, par l’épuisement de la cagnotte exceptionnelle de devises…
Les grèves générales qui se sont déroulées en Italie, en Belgique, les grèves sectorielles importantes qui secouent l’Allemagne et l’Espagne et l’annonce que 2015/2016 va encore voir la crise systémique inaugurée en 2007/2008 s’aggraver, voilà un beau cocktail explosif Toutes les fortes mobilisations qui secouent l’Etat tunisien au moment où la Destourie revient aux commandes indiquent que celle-ci ne connaîtra point de répit.
Elle reprend les rênes du pouvoir en n’ayant aucune marge de manœuvre. Nen déplaisent à tous ceux qui s’illusionnent sur un soutien des principaux partenaires impérialistes à la « jeune démocratie tunisienne » ; en affaires, les affaires sont les affaires ! Pour ne prendre que le principal partenaire de la Tunisie, la France de Hollande; la récession qui frappe l’économie de ce pays fait que ce dernier a plus besoin de déverser sa quincaillerie en Tunisie que de voir les produits tunisiens vendus en plus grande quantité en France… L’affaire de la vente des Rafales, dont personnes ne veut, à l’Etat égyptien désargenté en est une preuve supplémentaire de la fuite en avant de dirigeants « socialistes », qui comme leurs alter-égos Umpistes, pompent dans les rétro-commissions et les dessous de table pour renflouer les caisses noires des futures élections…
2015 est l’année du renouveau des luttes après l’intermède « élections » qui a joué le rôle de temporisateur pour de larges secteurs de la population.
La dégradation du pouvoir d’achat d’une grande partie de la population, l’augmentation vertigineuse du chômage, en particulier des jeunes, due à une croissance toujours en berne pour toutes les raisons citées plus haut sont gros de perturbations sociales inévitables.
La descente en enfer qui va toucher une grande partie des fameuses « couches moyennes » qui assistent à la disparition du mirage de l’argent facile produit essentiellement par le jeu de la spéculation sur le foncier en particulier et sur toutes ces branches de l’économie informelle alimentée par les trafics en tous genre aggravera encore la situation qui nous rappellera, alors, celle de la Grèce et de l’Espagne.
Ajouté à tout cela une politique d’austérité que la Destourie met en œuvre pour contenir les dépenses qui explosent, à l’exemple de la caisse de compensation, tout cela est un mélange détonnant annonçant les soubresauts à venir.
Extrait de l'article de Hamadi Aouina paru sous le titre « Il faut prendre à César tout ce qui ne lui appartient pas » sur le site Nawaat