Privatisation du littoral
Par Le concierge du Musée le dimanche 22 septembre 2019, 16:23 - Quatrième nuit de Walpurgis - Lien permanent
Parmi les sponsors du Forum, et à part les entreprises grecques, on y découvre le cabinet d’avocat d’affaires Milbank, pour qui, “la Grèce offre d’excellentes opportunités pour les investissements internationaux, sous forme de titres de la dette, comme dans un certain nombre de secteurs attractifs, notamment les institutions financières, y compris pour les prêts non productifs, l’immobilier, l’énergie, le tourisme et l’hôtellerie, le transport maritime, la logistique et les transports, le pétrole et gaz, les industries du commerce en détail et autres. Pour ceux qui cherchent à investir en Grèce dans un large éventail de dossiers de premier plan, notamment les acquisitions de capital-investissement et de sociétés, les coentreprises et d’autres investissements, le financement à effet de levier et de la dette à haut rendement, offres publiques initiales et autres opérations sur les marchés des capitaux, titrisation de prêts non productifs et d’autres catégories d’actifs, restructuration financière, gestion des dettes en souffrance et des passifs, et toutes les questions liées aux domaines susmentionnés.”
On ne rase presque plus gratis, surtout lorsqu’il s’agit de rafler la totalité de la mise, c’est-à-dire du pays. Pendant ce temps, notre ami, le brocanteur et bouquiniste âgé du vieux centre-ville, vient d’être expulsé “gentiment” de son commerce. L’immeuble a été acheté, justement par des... investisseurs. Sa boutique déjà vidée, on lui permet d’exposer certains objets devant l’entrée, tandis qu’il ne peut attendre désormais ses clients que dans la petite rue. “Heureusement que les autres brocanteurs des lieux ont accepté d’arranger ma maigre marchandise chez eux afin de la vendre si possible avec la leur. Ce n’est pas évident... puis, ma retraite ne viendra pas tout de suite. Sans parler de l’âme perdue de ma boutique, Princesse ma chatte, qui est visiblement très perturbée.”
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Et à Athènes, les fonctionnaires du “Ministère des Finances” font semblant de protester contre la privatisation progressive de leur service. “Non aux sociétés privées, chargées du contrôle fiscal”, peut-on lire sur leur banderole déployée devant “leurs” locaux. Mais c’est trop tard. L’administration fiscale en Grèce est désormais placée et ceci depuis quelques années, sous le contrôle total d’une société anonyme pilotée depuis Bruxelles et Berlin, la dite “Agence Indépendante des Finances en Grèce”. SYRIZA, tout comme les “gouvernements” d’avant, et d’après, auront... bravement travaillé pour les colonisateurs, avec l’aimable participation des rapaces locaux bien entendu. Après tout... la Grèce offre d’excellentes opportunités pour les investissements internationaux, aussi sous forme de la dette à haut rendement !
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Les... “investisseurs” affluent ou presque, les plages se vident et d’ailleurs... elles se vendent. La nouvelle loi relative à l'aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral, annoncée par le gouvernement mais pas encore adoptée, prévoit la privatisation du littoral, autrement-dit, elle met fin de fait à son caractère public. “L'ancien littoral est désormais qualifié de propriété privée de l'État. La voie est ainsi ouverte à son usage exclusif par découpage en zones d’activités, pour l’industrie, l'hôtellerie et les loisirs. Il est aussi établi une affectation directe des segments des bords de mer et de plage dans les cas dits ‘d’investissements au caractère stratégique’. Les loyers sont même réduits dans le cadre de l’utilisation du littoral au détriment des recettes publiques”, presse grecque en septembre.
Extrait de l'article de Panagiotis Grigoriou paru sous le titre "l'âme perdue" sur son blog Greek Crisis