Le 27 août 2015, des jeunes indépendants et des activistes de la société civile lancent la campagne #Manich_Msamah (Je ne pardonne pas). Dès son démarrage, elle a pu se décentraliser en formant des coordinations régionales dans les différents gouvernorats. La vague de protestation a atteint plus de 15 villes, en deux semaines.

Ceux qui défendent la violence policière contre les manifestants, brandissent l’état d’urgence comme justificatif, arguant que ces manifestations empêchent les forces de l’ordre de s’atteler à la lutte contre le terrorisme. Paradoxalement, le gouvernement semble profiter de la situation sécuritaire, pour prendre d’une manière unilatérale et donc sans concertation, des décisions stratégiques qui engagent l’avenir.

Blackout médiatique, blocus sécuritaire, neutralisation de l’opinion publique, minimisation de la portée du mouvement protestataire et bras de fer avec les partis de l’opposition ne peuvent qu’éveiller les doutes sur l’intention du pouvoir d’adopter en catimini des lois tout en évitant les critiques de fond du projet de la loi de la réconciliation économique, cœur du litige.

Invoquant l’état d’urgence, Mohamed Najem Gharsalli, ministre de l’Intérieur, a déclaré hors la loi, la marche nationale prévue pour le samedi 12 septembre à l’avenue Habib Bourguiba. Désavoué pendant quelques heures par le chef du gouvernement, qui à l’issue d’une rencontre avec des partis de l’opposition extra-parlementaire aurait autorisé la manifestation, le ministre de l’Intérieur sera finalement conforté dans sa décision par un communiqué officiel diffusé jeudi 10 septembre par la présidence du gouvernement.

Pas plus tard que le 9 avril 2012, Ceux qui avaient attaqué le mouvement Ennahda quand il avait décidé de fermer l’avenue Habib Bourguiba devant les manifestants pour des raisons sécuritaires, légitiment aujourd’hui, la violence à l’encontre des manifestants. A l’époque, le débat politique et médiatique était centré autour de la question de la reconquête de l’Avenue Habib Bourguiba comme symbole de la Révolution du 14 janvier. Pour des raisons sécuritaires la symbolique de l’Avenue se trouve, encore une fois, confisquée par un gouvernement qui n’aurais pas pu accéder au pouvoir sans la contestation dans la rue.

Lire l'intégralité de l'article de Mohammed Samih Beji Okkez, paru sur le site Nawaat sous le titre "#Manich_Msamah : Les mouvements de protestation entre le 27 août et le 8 septembre"