« Ce qui s’est passé ce matin (ndlr : mercredi 31 août 2016) est proprement scandaleux ! » Philippe Martinez, le patron de la CGT, invité de l’Union départementale de Seine-Maritime, qui faisait son assemblée générale de rentrée au Havre, mercredi 31 août 2016, a vivement réagi à l’interpellation de deux dockers du port, à leur domicile, au petit matin, quelques heures avant la rencontre. Les deux salariés du port ont été interpellés par des policiers parisiens pour « violences en réunion », qui auraient été commises lors de la manifestation contre la loi travail du 14 juin, à Paris. L’un d’entre eux, âgé de 26 ans, avait déjà été jugé le 27 juillet 2016 et en partie relaxé par la 27e chambre du tribunal correctionnel de Paris, pour des jets de projectiles.

Le gouvernement, la police… tout le monde savait que l’assemblée générale qui se tenait au Havre, ce matin, se déroulait en ma présence. Décider des interpellations, aujourd’hui, c’est une véritable provocation. Et c’est le témoignage de la faiblesse d’un gouvernement qui est à la botte du Medef. Ces interpellations interviennent quelques jours après une déclaration dans la presse du président de l’UMEP (NDLR : Union maritime et portuaire) qui tient à dicter à la CGT la conduite à tenir dans les prochaines semaines. Et ce alors que le président du Medef, Pierre Gattaz, s’autorise le droit de nous traiter de terroristes. C’est grave et insensé. D’ailleurs, nous avons porté plainte contre le Medef pour ces insultes indignes. Notre réponse est claire : on va répondre par la riposte », a déclaré, avec le plus grand calme le patron de la CGT à sa sortie de l’assemblée générale.

Première action décidée spontanément, mercredi 31 août au matin, quand la nouvelle des interpellations s’est répandue : le blocage total de l’activité du port.

Et de nouvelles actions de blocage du Havre ont été décidées lors du meeting de l’union locale et confirmées lors de l’assemblée générale », annonce déjà Reynald Kubecki, le secrétaire général de l’union locale de la CGT.

Est en cours de préparation, dans l’immédiat, la manifestation du jeudi 15 septembre 2016 qui pourrait s’élancer des locaux d’une entreprise du Havre qui serait en conflit avec un militant de la CGT. « Le salarié, menacé de licenciement, est hospitalisé », se désole l’union locale de la CGT.

Ce cas de figure est la preuve que bon nombre d’entreprises, alors même que les décrets d’application ne sont pas entrés en vigueur, veulent déjà jouer des possibilités offertes par la loi travail », s’indigne Philippe Martinez. « Toute la CGT va se mobiliser pour dénoncer ce cas. Contre la politique de la peur et de l’intimidation, nous allons jouer la carte de l’unité », a appuyé Pascal Morel, le secrétaire général de l’union départementale de Seine-Maritime de la CGT.

« La rentrée sera offensive »

Un seul mot d’ordre : « L’abrogation de la loi travail. Il reste encore des gens à convaincre, notamment dans les toutes petites entreprises mais nous sommes persuadés de pouvoir encore rallier le plus grand nombre. Une loi travail ne doit pas venir diminuer les droits des salariés. On reste déterminé », a insisté Philippe Martinez. Le patron de la CGT venait pour la troisième fois au Havre, depuis le début de son mandat.

Je sens ici des militants qui sont sur le même rythme qu’au printemps où pendant quatre mois, les actions se sont enchaînées. C’est un signe fort. Le Havre fait partie de ces villes où la mobilisation est restée très forte, et où, par la diversité de son tissu économique, on peut s’adresser facilement à un salarié d’une petite entreprise comme à celui d’une grande internationale. »

Le patron de la CGT n’envisageait pas, en revanche, d’accéder à la demande d’audience formulée par le patron de l’UMEP.

La CGT est attachée aux congés payés. Écrire à son secrétaire général pendant ses congés et se plaindre trois jours après dans la presse qu’aucune réponse n’ait été formulée, c’est un peu fort. Je pense que c’est à la fédération des ports et docks de répondre à Michel Segain. Cette dernière n’était pas contre cette démarche. Mais considérant les interpellations de ce matin, l’heure n’est plus vraiment au dialogue (…) Une chose est sûre, la rentrée sera offensive… »

Source : Normandie-Actu