Le Temps des cyclopes
Par Le concierge du Musée le samedi 7 janvier 2017, 12:03 - Quatrième nuit de Walpurgis - Lien permanent
L’année 2017 est arrivée... exactement comme 2016 n’a pas laissé un souvenir suffisamment remarquable. Le pompiste du coin a réajusté ses prix, suite aux nouvelles mesures, à savoir l’augmentation des taxes frappant les carburants à la pompe: près de 12 centimes de plus pour le GPL et le diesel (0,80 €/L et 1,25 €/L respectivement), un peu moins pour l’essence SP (1,55 €/L).
Dans le... même breuvage, le prix du café acheté ou servi a augmenté en moyenne de 15%, celui des cigarettes... de 5O centimes à un euro le paquet, une taxe... inaugurale frappe désormais également la cigarette électronique. Enfin, une taxe de 6% accroît de la même manière l’ensemble des factures de téléphonie et internet fixe en Grèce, tout cela, à partir de ce 1er janvier 2017. Bonne... année donc, toute la presse en parle. Temps... sans cesse nouveau !
Ces derniers jours, le premier des Tsiprosaures au rire comme on sait acosmique, se fait alors huer, aussi parce que certaines des retraites subsistantes des handicapés, subiront de coupes sobres à hauteur de 50%, (presse grecque du 6 janvier). Sans évoquer ce décret publié la veille de Noel et passé initialement inaperçu, par cette... décision, le montant minimum garanti des retraites (fixé à 486 €/mois) vient ainsi d’être supprimé, ouvrant la voie au grand rêve ordo-libéral, à savoir, transformer les retraites en mini-allocations et encore (presse grecque du 3 janvier). SYRIZA... gauche radicale.
Au pays où certains habitants prennent parfois en charge les animaux adespotes (sans maître), il devient visiblement urgent que de ne plus pouvoir (ou vouloir) verser un centime de plus à l’État occupant et occupé. D’après les chiffres du Ministère des Finances, les impayés envers le fisc grec s’élèvent désormais à 94,2 euromilliards, dont 12,6 milliards se sont ajoutés rien qu’en 2016. Ces... impayés concernent au total 4,3 millions de personnes physiques (la Grèce compte 10 millions d’habitants !) et dont la moitié d’entre eux, subiront prochainement les saisies... adéquates (presse grecque du 3 janvier).
Et du côté extérieur, l’année 2017, sera celle (du début) du grand remodelage géopolitique et/ou du chaos, passage... et repassage obligés. La dite “mondialisation”, autrement-dit, la guerre de quelques uns contre (presque) tous, touche ses limites, et certainement celles de la planète. Alexis Tsipras, le plus grand et incontestable souilleur, Mitsotakis qui l’est autant depuis son parti et clan germanotrophe de la Nouvelle Démocratie, seraient alors tôt ou tard balayés, par les événements en cascade, et, espérons-le en tout cas, par le peuple.
La zone euro ne sera plus et nous aspirons (non sans agir dans ce sens) à mettre rapidement fin à la plus grande entreprise criminelle depuis un siècle à l’échelle de l’Europe, à savoir la dite Union européenne. Les Grecs, finissent ainsi (et c’est bien tard à mon avis, mais mieux vaut tard que... morts), par considérer l’euro et l’UE comme entreprises finissantes et d’ailleurs nuisibles et indignes. “La majorité, (le consensus) de l'euro, est en train de se briser en ce moment en Grèce”, titre le nouveau mensuel politique grec “Point Zéro - Recommencer tout”. On y apprend en le lisant que d’après les dernières enquêtes d’opinion, ceux qui rejettent alors davantage l’euro et l’UE, sont les jeunes de 18 à 24 ans.
"Tout comme Rome portait en elle les causes de son propre déclin, de même, notre peuple a déjà saisi combien cette ‘sale’ captivité issue de notre dépendance vis-à-vis des Allemands comme vis-à-vis des Atlantistes, a séquestré notre pays dans cet enfer de l’euro”, écrit une éditorialiste dans ce même numéro de la revue. Grèce... alors vent nouveau !
Hiver grec aux touristes chaudement habillés, et aux chômeurs pêcheurs à la ligne. Athènes en ce moment, c’est autant le froid, le tout, sous un climat géopolitique, il faut dire, très instable. Les fêtes sont passées et, visiblement, la rue grecque n’agit plus. Cependant, les mentalités sont travaillées comme jamais, depuis que le système hybrocrate (hybrocratie, le pouvoir de l’hybris) a abattu sa (dernière ?) carte, à savoir SYRIZA et assimilés.
Ce même système, lequel a fait monter les outsiders de la pseudo Gauche radicale du 4% en 2009, et encore ce même système (medias compris, entre 2011 et 2013), ayant haussé ces insignifiants (et ouvertement) nazitrophes de l’Aube dorée radicale, à près de 10% de l’électorat... présent, depuis leur 0,4% d’origine, toujours en 2009. C’est de cette manière (en plus de la complicité des autres partis “politiques” petits, moyens et grands) que tout a été mis en œuvre pour qu’aucun mouvement d’envergure (et en réalité en dehors des brebis forcement galeuses du système des partis) ne puisse naître, et ne puisse surtout menacer les monocultures... politiques peuplocidaires des dominants.
Temps certainement des Cyclopes. Mondialisation... soupoïde, négation des peuples comme de leurs communautés délibératives, monstruosité européiste. À ce propos, et c’était déjà dans Homère, Cornelius Castoriadis avait alors fait remarquer ceci: “Voilà ce que l’on trouve dans l’épisode des Cyclopes -et que, permettez-moi de me répéter, les enfants grecs ont bu avec le lait de leur mère... d’abord, les Cyclopes n’ont pas de themistes, c’est-à-dire, de lois: et ils n’ont pas d’agorai boulèphoroi, d’assemblées délibératives. Ces termes renvoient à une définition implicite de ce qu’est une communauté humaine: une communauté humaine a des lois, et elle a des assemblées délibératives, où les choses se discutent et se décident. Une collectivité qui n’a pas cela est monstrueuse.” (Cornelius Castoriadis, “Ce qui fait la Grèce. 1. D'Homère à Héraclite”. Paris, Seuil, 2004).
Extrait de l'article de Panagiotis Grigoriou paru sous ce titre sur son blog Greekcrisis