Le national et l’international, loin de constituer l’opposition consacrée par les débats sur la mondialisation, sont étroitement imbriqués dans (les) stratégies de reproduction élitistes. Dans l’espace des pratiques internationales, les opérateurs dominants sont ceux qui peuvent mobiliser des ressources acquises et homologuées dans des champs nationaux de pouvoir, en particulier des titres et des diplômes d’État. En contrepartie, la mobilisation d’un capital international de compétences et de relations représente un atout non négligeable dans les stratégies de pouvoir dans le champ national. Elle renforce la position des dominants qui peuvent faire valoir leur appartenance à ces internationales de l’establishment que constituent le Club de Bâle, les cercles de l’arbitrage commercial international ou les anciens de la Banque mondiale et du FMI. Elle peut aussi servir d’appui à des fractions dominées qui s’efforcent de se faire reconnaître en tant qu’importateurs d’une expertise dûment homologuée hors des frontières : par exemple dans les droits de l’homme ou la protection de l’environnement.

Lire l'article d'Yvez Dezalay paru dans Actes de la Recherche en Sciences Sociales