Si j’évoque Yórgos Ioánnou et son œuvre par ce moment si crucial dans la géopolitique de l’Ordre... si fraîchement nouveau (mais bien inscrit dans l’histoire), des liens, entre la Grèce et l’Europe dramatiquement européiste, c’est encore, pour faire saisir certaines filiations d’époque avec les histoires et avec leurs... affaires, celles justement, trop souvent ignorées intentionnellement par les journalistes et par les analystes mainstream. Ces idées d’Ioánnou, n’ont jamais été médiatisées par les philologues, ni par ses traducteurs, et cela pour cause...

Son œuvre étant néanmoins suffisamment traduite en français, les biographies disponibles, notent entre-autres, que Yórgos Ioánnou fut également fondateur, d'une revue littéraire (“To Phylládio”), il avait aussi traduit Tacite et l'Anthologie Palatine, traductions lesquels y étaient publiés par fragments.

Car Yórgos Ioánnou entreprit alors en 1978, la rédaction de cette brochure littéraire, justement intitulée “La Brochure” (To Phylládio), à mi-chemin entre la chronique et l’auto-anthologie sélective et variée, certains de ses textes qui selon l’avis de l’auteur ne pouvaient pas être publiés par les journaux et les revues de l’époque, trouvèrent alors refuge et toute leur place, dans cette “Brochure” à la périodicité incertaine et assumée comme telle, par son créateur, textes alors brefs, abondants et successifs, en guise de véritable recueil de “micro nouvelles”, chroniques, pamphlets, nécrologies, polémiques, réflexions politiques en somme, ou épisodes, brièvement relatés de son enfance durant la Guerre, l’extermination quasi totale des Juifs de Thessalonique par les occupants Allemands, et la guerre civile (1940-1940). Un premier... blog sans doute.

Je voudrais alors, pour les besoins de notre analyse, énoncer cet angle manifeste quant à la lecture des textes, et... pour ainsi dire, ignoré des lecteurs d’Ioánnou au-delà de la Grèce et encore. L’époque où cette brochure littéraire naquit était très précisément celle du débat, très violent en Grèce, opposant, les artisans (et partisans) de l’intégration du pays dans l’ensemble que constituait alors la CEE (devenue effective en 1981), et les... eurosceptiques du sens logique du moment.

Yórgos Ioánnou était donc farouchement opposé à cette sombre perspective, et cela, dès le départ. Il faut préciser que des réserves très fortes allant dans ce même sens... eurosceptique, furent exprimées entre autres, par le poète Odysséas Elýtis (Prix Nobel de littérature en 1979), et par les compositeurs, Mános Hadjidákis et Míkis Theodorákis.

Pour ce qui est de la CEE, évoluée par la suite en Union européenne, le futur leur a largement donné raison. La Grèce a perdu ses (déjà) marges étroites en autonomie politique ou économique, ses industries ont périclité, 40% des terres cultivables sont abandonnées, et plus, dix milles petits et grands caïques - ces embarcations traditionnelles construites en bois et utilisées par les pêcheurs - ont été détruites depuis 2010, faisant suite aux directives de l’UE. Autre exemple, plus de dix mille ingénieurs ont quitté le pays en cinq ans, d’après les statistiques de leur union professionnelle, (journaux grecs, 2015). Non, la Grèce ne vit pas que du tourisme, en dépit de certains clichés.

Lire l'article de Panagiotis Grigoriou paru sur son blog Greekcrisis sous le titre Grèce-Europe occidentale, échanges et malentendus - I