Qu’on se le dise : les classes sociales n’existent pas
Par Le concierge du Musée le mardi 8 novembre 2016, 23:01 - Bibliothèque - Lien permanent
Jean-Luc Mélechon, dans sa phase de conquête de l'hégémonie idéologique de la PBI (Petite-Bourgeoisie Intellectuelle), c'est à dire des agents du marketing (une petite-partie dans les médias mainstream, une grande partie chez les blogueurs et petits-entrepreneurs des "médias sociaux", surveillés de près par les logiciels des propriétaires des moyens de production de la Silicon Valley, ce qui pourrait bien faire de Mélenchon l'idiot utile de l'impérialisme américain, ce que tout les esprits sensés redoutent...) s'est appuyé sur Chantal Mouffe (une prétendue belge inconnue au bataillon en Belgique) pour affirmer : « Au siècle où les humains n’étaient « que » deux milliards, il y avait le « parti de classe ». Il était nécessairement aussi délimité que l’était « la classe » elle-même dans une société où elle n’était nullement hégémonique. En fait, les ouvriers constituaient une sorte d’archipel dans un océan de paysannerie et de travailleurs indépendants de la boutique et de l’artisanat. Sa verticalité correspondait à une organisation du travail lui-même. La centralisation découlait des moyens de transports et de communication autant que comme reflet de la centralisation de son adversaire. Bref, le « parti de classe » correspondait à une réalité sociale et matérielle qui s’est elle-même dépassée de toutes les façons possibles. L’émergence du « peuple » comme catégorie sociale protagoniste face à l’oligarchie de la période du capitalisme financiarisé dominant appelle sa forme spécifique d’organisation. ». François Ruffin avait ouvert (comme préparation d'artillerie ?) Fakir à l'impétrante, au point qu'il est quand même difficile d'imaginer que ce "plan média" (B) n'était pas concerté. Comme Descartes l'analyse sur son blog :
Exit donc la « classe » - c'est-à-dire le groupe humain occupant une même position dans le mode de production et donc ayant de ce fait un intérêt commun qui pousse ses membres à des comportements homogènes sans que soit besoin une coordination – et place au « peuple ». Mais comment définir ce « peuple » qui fait face à « l’oligarchie » ? Est-ce sur un critère de revenu ? De patrimoine ? De sociologie ? De modes de consommation ?
Le concept de « classe » - qui est l’une des contributions essentielles du marxisme à la pensée politique du XIXème siècle – a l’avantage de constituer une catégorie sociale comme acteur à la fois économique, social et politique en faisant le lien entre la position économique et le système de représentation – c'est-à-dire l’idéologie – et donc les comportements. Le « peuple », qui pour Mélenchon inclut le soudeur et l’avocat, la caissière et le professeur, le petit patron et l’ouvrier agricole, n’a aucune raison de constituer un groupe homogène du point de vue des comportements, puisqu’il est constitué de gens qui ont des intérêts différents et souvent antagoniques. Ce discours a en fait un autre but : le « peuple » façon Mélenchon incarne le rêve des « classes moyennes » d’une alliance avec les couches populaires dont elle prendrait, bien évidement, la tête. Le « protagonisme » de la classe ouvrière cantonnait les « classes moyennes » au mieux dans les seconds rôles, au pire dans le camp des exploiteurs. Le « peuple » permet au contraire aux « classes moyennes » d’évacuer le rôle singulier de la classe ouvrière pour se l’approprier…
Chantal Mouffe étant l'inspiratrice, nous savons gré à Jean-Pierre Garnier de nous informer un peu plus sur cette influente inconnue.
Qu’on se le dise : les classes sociales n’existent pas et, par voie de conséquence, la lutte pluriséculaire qui les opposerait non plus. Tel est l’oracle d’une grande prêtresse du post-marxisme pontifiant : la politologue belge Chantal Mouffe. À vrai dire, il ne s’agit pas là d’un scoop. Sans revenir sur la genèse du concept «lutte des classes» dont on rappellera simplement que Marx et Engels n’ont fait que l’emprunter, avant de le complexifier et en réorienter le sens, à des historiens libéraux français de la Restauration (François Guizot, Augustin Thierry, Adolphe Thiers…), on sait que l’un des fondements de l’idéologie bourgeoise, au-delà de ses multiples facettes et variantes, est la négation pure et simple de l’existence des classes et de leurs luttes. On sait aussi qu’outre les penseurs clairement situés à droite, cette négation a été reprise dès la fin du XIXe siècle par une partie de ceux situés à gauche, d’obédience sociale-démocrate principalement. Parée d’atours «post-modernes », elle a ensuite connu un renouveau en France grâce à une cohorte d’intellectuels portés par le reflux de la révolution «libérale-libertaire» de mai 68 (Michel Foucault, Jacques Derrida, Gilles Deleuze, Félix Guattari…) qui, laissant aux caciques d’une «gauche de gouvernement» le soin d’aider l’idée socialiste à « faire son chemin », se sont dépensés sans compter à «déconstruire» toutes les voies théoriques qui lui auraient peut-être permis de devenir réalité. Rien de nouveau, donc, avec l’irruption d’une Chantal Mouffe au firmament de la pensée de gauche normalisée et normalisante.
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Les pervers peuvent également essayer d'écouter ce chef-d'oeuvre de cuistrerie particulièrement désopilant où Jean-Luc Mélenchon se propose de "créer un peuple" (apparemment limité à une fraction des classes moyennes, et espérant se retrouver face à Marine le Pen s'il passait le premier tour afinb de l'emporter sans besoin d'adhésion populaire, soit aucune différence avec les autres candidats !!!)