Nous republions cet article, non pas pour le plaisir de re-citer les noms cités, qui font ce qu'ils peuvent dans les limites de leur intérêt de classe. Mais parce qu'il faut que les travailleurs en lutte, en lutte finale car Macron ira jusqu'au bout en mode Thatcher (ce qui passe par la destruction de la seule chose qui puisse encore résister : la SNCF) sachent que notre destin est dans leurs mains, dans leurs luttes. Ici, et maintenant. Et que le soutien et la solidarité doivent être totaux. Ici et maintenant. Non, la manifestation ne mène pas à l'élection, M. Mélenchon. Non, Messieurs Lordon et Ruffin (qui veut "ouvrir le dialogue avec le gouvernement", ben voyons !), la succession des défaites ne mène pas à la victoire mais à la défaite finale.

Le Concierge

Comme prévu, la responsabilité du gouvernement est engagée via le 49.3 sur la loi El Khomri. Donc la responsabilité des Député(e)s est engagée. Celle des mouvements sociaux aussi.

Est engagée la responsabilité des opportunistes de premier rang : Députés « frondeurs » ou soit-disant tels (sans compter les opportunistes de second rang comme Emmanuelle Cosse - membre du gouvernement DONC solidaire du texte - même si son « compagnon » se charge de mettre en musique à quel milieu prédateur, régi par un Code datant de Cro-Magnon et réactualisé par King Kong théorie, on a à faire. Et ses turpitudes sont bien faites pour cacher celles de sa compagne qui plaque tous les travailleurs, et bien plus encore les travailleuses, de ce pays, contre un mur des Fédérés pour essayer de leur donner un autre type de baiser qui est celui de l'exploitation et de la mort sociale). Il faut faire tomber Valls et Macron, c'est à dire voter la censure. Maintenant ou jamais. Que cette loi passe et la gauche sera définitivement morte. Ces Députés prétendument « frondeurs » auront du mal à s’en remettre, et le seul appel qu’on puisse leur faire est celui de leur survie politique à moyen terme (à court terme, cela se paiera de leur mandat.) L’occasion est trop belle pour des opportunistes de se refaire un semblant de virginité. Qu’ils la saisissent puisqu’on en est là en matière de « représentation ».

Celle des mouvements sociaux. « La gauche ne peut pas mourir » dixit Frédéric Lordon. Pour lui la lutte contre la loi El Khomri était un « prétexte ». Et les luttes locales (c’est à dire les luttes des gens là et dans les conditions où ils vivent) vouées à l’échec sectoriel. Qu’a-t-il proposé en lieu et place ? Un festival politique, Place de la République. Bravo ! Bravissimo ! On imagine que les accapareurs de la plus-value du travail utilisent aussi le « périscope » pour dénombrer le nombre de manifestants à proximité de l’Assemblée Nationale, le soir où El-Khomri, dépourvue de majorité, a prononcé la « réserve de vote ». C’est le résultat concret de votre « travail » de "montée d'un niveau", M. Frédéric Lordon ! Bravo, Bravissimo !

Ruffin avait proposé de donner son corps à la lutte « pour un an ». Merci du peu. À lire le dernier Fakir, ça n’aura pas duré deux mois. Pas grave, son corps n’ayant rien de thaumaturge, on s’en fout. Mais ces deux-là pourraient bien être les idiots utiles qui auront inventé le hashtag #NuitDebout qui comme #JesuisCharlie est l’oraison funèbre de l’idée même de « République sociale ». Frédéric Lordon se fout de la loi El Khomri. Normal, il sera le dernier touché. Oh, certes, les fonctionnaires sont aussi visés par la loi, à travers le Compte d’Activité Personnalisé. Mais on peut penser que les diplômés des grandes écoles directeurs de recherche au CNRS (« La Noblesse d’État ») auront, au pire, des problèmes de reproduction sociale pour leur progéniture éventuelle : et encore, devenu star mondiale de la contestation intellectuelle française (les Badiou, Rancière et autres pitres ayant fait leur temps), ça devrait bien se passer dans un monde « mondialisé ». Ça s’appelle l’aveuglement de classe, tout simplement, ou le « biais scolastique » de façon plus Bourdieuso-Austino tordue !

Essayer de suivre « Nuit Debout » depuis le fin fond du Département rural le plus excentré, et le plus pauvre, de France est un bon exercice. On y cherche en vain le moindre contenu inscrit dans les luttes depuis 1995 et les mobilisations victorieuses contre le « plan » Juppé. Aucune continuité visible. Rien n’a été transmis en 20 ans, alors qu’il y a 20 ans nous étions quelques-uns à essayer de transmettre l’expérience des luttes qui avaient précédé depuis la Libération, que nous ne connaissions que par bribes, et dont nous cherchions à empêcher l’effacement. Même le Monde Diplomatique, qui pleure chaque année (comme Acrimed sur Radio Debout : Malher de Malher, quelle indécence alors que vous ne faites plus rien depuis au moins 10 ans de faire tapiner des salariés précaires pour quémander 60000 EUR comme la dernière des paroisses de la gauche soumise à son évêque !) pour recueillir des dons sensés asseoir son indépendance alors qu’il est loin d’être pauvre, a succombé à la logique du marché : qu’il libère ses archives 1995-2005 payantes en ligne dans un moment pareil, cet Arpagon !

Du contenu ? Rien. Absolument rien. Et alors que tous les contenus sont disponibles et ont été produits et publiés au prix de tant de sacrifices... Je pense à Agone, dont j’étais. Je pense à Balbastre (Dis-moi François Ruffin, tu vas lui en filer un peu de tune à Gilles sur le fric qui va enfin rentrer à Fakir, là ? Lui faire un tout petit plus de pub que tu as fait semblant de faire ? Parce que les Mutins de Panurge, ils ont des tunes mais par pur opportunisme. Et ils partagent pas trop... Donc tu vas peut-être avoir les moyens de financer les « purs » qui n’ont besoin que de budgets de merde, assurent le retour sur investissement par leur talent et leur conscience politique, et sont même capables de dire merci en se faisant arnaquer sans s’en rendre compte?). « Nuit Debout n’est qu’un média », écrivions-nous. Mais le nerf de la guerre, ce qui relie, ce n’est plus la religion (« religere »), c’est le média ! Alors passer du webmanager de radios (d’autant plus de marché qu’elles sont réputées indépendantes - start-ups de la « Fabrique du consentement ») dépolitisantes, Rémi Buisine, à Xavier Renou (Sciences Po Paris viré de Greenpeace pour l’inefficacité de ses campagnes purement médiatiques contre le nucléaire et persuadé que le changement social viendra du marketing !) pour « Télé-Debout », ce n’est même pas passer de Pujadas à Élise Lucet ! La télévision « publique » fait mieux ! Quant à Radio Debout, initiée par ceux qui se sont écrasés face à Mermet, on ne peut guère en attendre qu’ils aillent jusqu’au bout de leur logique de légitimation : « il faut avoir les moyens de faire, OK, tout est dégueulasse, mais il faut avoir des moyens de production ». Si c’était un choix, ben maintenant que vous les avez, vous filez le bébé à Cyran ? (« Si tu veux faire la Révolution, je te file mon 06 »?).

Bref. Il faut mettre la pâtée à la loi El-Khomri. Tout en découle. C'est tellement évident que depuis le début, ça aurait dû être le seul objectif. Ah les intellectuels ! Il n’y a que ceux qui ont le cul dans le beurre et pratiquent la Distinction académique et politique de gauche qui ne l’ont pas compris. Sont juste pas concernés par le sort commun, vulgaire. Et nous envoient dans le mur capitaliste en prophétisant la fin du capitalisme (qui a depuis longtemps synthétisé les produits chimiques qui nettoient le sang social résultant des bavures intellectualistes sur les baskets, cher Frédéric Lordon.)

Lorsque j’ai eu vent de cette loi, j’ai écrit un petit texte en pensant « tract ». Il manque un peu d’ouverture, de « Pour » face au « Contre ». J’avais fait le déplacement à la Bourse du Travail... Mais cette réunion n’était là que pour entériner des décisions déjà prises (et Frédéric Lordon rapporte à longueur d’interviews - qu’il ne donne pas puisque qu’il les donne à des « médias alternatifs » qui ne le sont plus depuis 10 ans et courent la reprise par le mainstream qu’ils relégitiment ! - que ce sont les siennes, d’ « idées », donc de quelqu’un qui n’a aucune idée de la sociologie du pays ni aucune expérience des luttes sociales.)

C’est un peu comme les AG des gens qui passent Place de la République...

Pas de représentation, donc pas de mandataires, donc pas de mandants, donc pas de démocratie, tout simplement...

À ceux et celles qui ont le pouvoir au-moins de la parole parce que nous y avons cru, là maintenant, TOUS ENSEMBLE contre la loi « travaille !» .

S'il vous plait. S'il vous plait... Soit on gagne, soit c'est le fascisme.

S'il vous plait, s'il vous plait, s'il vous plait...

« On touche à l’os » dixit Gérard Filoche. Un socialiste. Qui vaut plus que tous les socialistes honteux qui « ne revendiquent rien ». Car ils ont déjà tout. Et pourront bien aller se réfugier où ils voudront si nécessaire et passer pour des héros.

S'il vous plait...

Et s'il ne vous plait pas, cette fois-ci, j'espère bien que nous vous passerons sur le corps

Vive la République sociale, démocratique et solidaire,

Vive la Sociale

Le Concierge