"Toute leur pratique dans la gestion de l'économie comme de la société, n’est que la résultante quasi exacte de ce qui leur avait été enseigné au sein des collèges et universités anglo-américains"
Par Le concierge du Musée le lundi 5 mars 2018, 00:37 - Quatrième nuit de Walpurgis - Lien permanent
Dans la vraie vie restante, les Grecs achètent encore parfois leur poisson directement auprès des caïques (embarcations traditionnelles en bois), et poisson abondant ou pas, les discussions entre eux, peuvent être alors bien animées par les temps qui courent. Il faut ainsi comprendre, que jamais la rupture entre les gouvernés et les gouvernants n’a été aussi abyssale que des nos jours.
Et depuis quelques mois, même les observateurs des faits et gestes actuels (et indéniables), tous chroniqueurs des medias systémiques (mais demeurés honnêtes), ne mâchent plus leurs mots (ou maux), à l’instar de Yórgos Kostoulas, ancien financier et analyste au média capital.gr (2 mars 2018) lorsqu’il écrit:
“Toute cette récente fièvre macédonienne (les deux grands rassemblements patriotiques du mois de février dernier ayant réuni à Thessalonique et à Athènes plus d’un million de personnes), a ainsi révélé combien et comment la conscience nationale demeure tous comptes faits active, et cela, pour une très large part de la société. D’autant plus, que cette désormais évidence, laisse entrevoir une rupture alors beaucoup plus profonde.”
“La réalité d’une telle fracture c’est que dans cette même portion, la société se montre désormais plutôt fatiguée, incontestablement fatiguée de tout. Autrement-dit, ces gens ont complètement épuisé leur dernière tolérance à l'égard du conformisme technocratique, ou encore, face à l’épuration volontaire du discours public (celui des politiciens) de tout ce qui peut réellement concerner la vie concrète pour de millions de citoyens.”
“En face, s’y positionne alors cette élite institutionnelle et intellectuelle dont dans la plupart de cas, elle reste agrégée à l'introduction des normes occidentales (en Grèce), entrant comme on peut le comprendre constamment en conflit avec les valeurs traditionnelles. Et il ne s'agit pas seulement de la solution à trouver au double nom de ce pays (au problème macédonien), mais plus généralement, de la façon dont ceux ‘d’en haut’ chez nous ainsi faits d’éducation et culture anglo-saxonnes, raisonnent et agissent pour ce qui tient des affaires en interne de notre pays.”
“Précisons que par le terme ‘culture anglo-saxonne’, nous entendons alors l'éducation, l'expérience, et en somme la culture en général, dont les dirigeants politiques (grecs) sont si imprégnés. Il va de soi ensuite, que toute leur pratique dans la gestion de l'économie comme de la société, n’est que la résultante quasi exacte de ce qui leur avait été enseigné au sein des collèges et universités anglo-américains.”
“Imbibés de la sorte, et entretenant une bien réelle distance vis-à-vis de tout ce qui peut encore être considéré comme grec, les membres de cette élite ont toujours été (et) à très juste titre, incapables de toute conception historique, géopolitique et pour tout dire dynamique car autonome, de la Grèce contemporaine. Il est donc à la fois certain, et objectivement intelligible: ces élites ne peuvent percevoir le pays, autrement que par l’unique regard de l’étranger. Leur raisonnement, tout comme leurs actions sur le terrain sont de ce point de vue hétéronomes, suscitées même depuis l’étranger, et pour tout dire, profondément homogénéisées.”
“Je dois dire que personnellement, au cours des années 70 et 80, j’avais été autant immergé dans ce milieu issu de l’Imperium Anglo-saxon, j’appartenais ainsi entièrement à ces cadres dirigeants dans la banque et dans la finance, formés à l’américaine. Je me souviens d’ailleurs combien, rien que l'expression ‘spécificités grecques’, s’agissant toujours du domaine de notre activité, fut pour nous une phrase totalement prohibée.”
“Tout ce qui ne correspondait guère à la politique, ou sinon aux outils d'analyse que nous utilisions habituellement faisant très exactement suite à notre culture managériale importée, tout ce qui ne cadrait pas avec nos recettes ou avec nos solutions toutes prêtes, était aussitôt banni. Le mot d’ordre, la seule réponse permanente d’après... notre ‘top management’ fut tout simplement: ‘Educate your customer’ (Éduquez votre client).”
Un certain parallèle... plutôt évident, pourrait être établi lorsqu’on considère nos gauches si diverses et variées et leur marxisme des zincs et des amphithéâtres depuis plus de quarante ans, pareillement divergeant il faut encore le préciser, des valeurs traditionnelles. Une gauche, laquelle a si... “miraculeusement” intégré au bout du processus, toute la culture managériale importée et la mondialisation métaculturelle avec, et notamment... les subsides y afférents au bénéfice prioritaire des principaux intéressés recyclés et députés, ministres et autres chefs et alors splendides marionnettes. Plus le cynisme et l’amoralisme, dont le cas SYRIZA en Grèce, n’est qu’outrageusement grossier... comparée à d’autres cas semblables.
(...)
Pauvre époque et son monde décidément si bas. Suivant les réglementations de l’UE, ceux du secteur des embarcations et autres bateaux traditionnels se mobilisent enfin pour sauver ce qui en reste, après ces milliers de caïques mis à la casse, et c’est toute une culture qui se brise ainsi. C’est connu, en face, s’y trouve encore cette élite réglementaire et intellectuelle, dont dans la plupart des cas, elle reste agrégée à l'introduction des normes financieristes, toujours et encore en conflit avec les valeurs traditionnelles.
Extrait de l'article de Panagiotis Grigoriou, paru sous le titre "Poisson laïque" sur son blog Greekcrisis
Toute ressemblance avec les élites africaines... et de plus en plus d'Europe occidentale, serait pure coïncidence... impériale ! (Le Concierge).
Sur la destruction de la pêche artisanale grecque, l'auteur écrivait en août 2015 : "Pour ce qui est de la CEE, évoluée par la suite en Union européenne, le futur leur a largement donné raison. La Grèce a perdu ses (déjà) marges étroites en autonomie politique ou économique, ses industries ont périclité, 40% des terres cultivables sont abandonnées, et plus, dix milles petits et grands caïques - ces embarcations traditionnelles construites en bois et utilisées par les pêcheurs - ont été détruites depuis 2010, faisant suite aux directives de l’UE. Autre exemple, plus de dix mille ingénieurs ont quitté le pays en cinq ans, d’après les statistiques de leur union professionnelle, (journaux grecs, 2015). Non, la Grèce ne vit pas que du tourisme, en dépit de certains clichés."